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Education des enfants et crise de couple chez les parents

 

 

Education des enfants et crise de couple chez les parents

 Annie Boroy

 

L'enfant roi peut devenir un adulte inadapté - photo wikimedia
L'enfant roi peut devenir un adulte inadapté - photo wikimedia

L’enfant "mal élevé" est réputé être impoli, irrespectueux des règles et des autres. Il n’accepte ni attente ni frustration. Il est colérique, capricieux et dérangeant.

 

Cet enfant tyrannique est de plus en plus ordinaire. L’"enfant roi" à la maison devient un écolier ingérable et indiscipliné, parfois un adolescent agressif qui peut mettre l’ordre social en danger.

 

Face à cet enjeu sociétal, pourquoi les parents d'aujourd'hui ne sont-ils pas toujours en mesure de remplir leur mission?

 

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L’éducation traditionnelle: "tu vas voir ton père !"

Autrefois, le père, chef de famille, détenait la totalité de la "puissance parentale". L’éducation s’organisait autour de règles imposées. L’enfant devait obéir. La mère s’en remettait au père pour toute punition ou décision: "tu vas voir ton père" et "demande à ton père" étaient des propos quotidiens.

 

Grandissant souvent dans des familles nombreuses, les enfants étaient appréhendés collectivement. Les vêtements de l’aîné étaient transmis aux plus petits. La société demandait de futurs militaires obéissants (conférence B. Cirrode, psychologue, centre Tomatis, Caen, 2010).

 

Les rôles du père et de la mère étaient clairement différenciés. Selon ce schéma traditionnel, la mère occupe le poste de "maternage": elle est responsable des soins à l’enfant, de son alimentation, de ses distractions. Le père, au poste de "paternage", rappelle à l’ordre, punit et décide des réponses à apporter aux demandes de l’enfant.

 

  • Quand papa gronde, maman console mais laisse dire et faire.
  • Papa représente la loi, maman le réconfort.

Une complémentarité naturelle?

La relation initiale entre la mère et son enfant est fusionnelle, héritage d’une vie intra-utérine commune. Dans la plupart des cas, la mère comprend son bébé de façon spontanée et intuitive. Elle décode ses cris, mimiques et postures. Une relation non verbale parfois si développée que certaines mamans se réveillent la nuit quelques secondes avant l’appel du nourrisson. Dans ce contexte, elles souffrent avec leur enfant et s’inquiètent pour lui.

 

Le père n’a pas ces compétences: il comprend mal le non-dit. Cette relation entre mère et enfant peut le déranger: il n’est plus l’objet de toutes les attentions de sa femme. Il traduit donc son agacement de façon relativement agressive. A la mère, il dit: "tu en fais trop"; au petit: "arrête de bouger, de crier". Il invite ainsi mère et enfant à se distancier progressivement. Il pousse son enfant vers l’autonomie. Il exige de lui un contrôle de sa communication non verbale et l’utilisation d’un langage symbolique, sous une forme réglementée. Cris et colères doivent se mettre en mots.

 

Quand le jeune rentre à la maison en faisant triste mine, papa demande: "pourquoi tu fais cette tête? Tu n’as jamais l’air content!" Maman peut aussitôt traduire: "il s’est fait interroger à l'école." Cet équilibrage naturel serait à mettre en lien avec des modes de fonctionnement cérébral différents chez l’homme et la femme (idée remise en cause, voir l'article « Hommes et femmes ont-ils le même cerveau ? »).

 

  • Maman comprend le non-verbal, globalement, directement.
  • Papa attend des explications.

Quelques variations sont néanmoins possibles: le père est plus ou moins autoritaire, la mère plus ou moins maternante.

 

L’ère du matriarcat et de l’enfant roi

En 1970, la législation instituait "l’autorité parentale". Père et mère se partagent désormais le pouvoir éducatif.

 

La contraception et le travail des femmes limitaient les naissances. L’enfant devenait un individu, objet de toutes les préoccupations familiales. L’éducation ne conduit plus à l’obéissance mais à l’épanouissement de l’enfant, dont on attend les capacités exceptionnelles et précoces.

 

Parallèlement, la société véhiculait des modèles nouveaux de confort, de loisirs, de plaisirs. Plus besoin de militaires, mais de consommateurs. Le désir de l’enfant est donc logiquement pris en compte.

 

En 1990, la mère semble avoir outrepassé son droit légitime aux 50 % d’autorité. Elle prendrait désormais 80 % des décisions concernant l’enfant (B. Cirrode, 2010).

 

Risques de déséquilibrage dans le couple parental

Dans ce contexte, elle n’accepte plus le "paternage" traditionnel. Si papa dit "tais toi" à l’enfant, elle défend sa progéniture et reproche au père de ne rien y comprendre: "mais c’est un enfant, il a bien le droit de faire du bruit." Cet excès de pouvoir maternel peut conduire à la surprotection. Pire: le conflit est ouvert, qui, devenu permanent, peut mener au divorce. Seule issue pour l’ancien chef: devenir maternant à son tour.

 

La vie professionnelle des femmes suppose un partage des tâches éducatives. Le père a perdu du pouvoir mais se rapproche alors de son enfant: accompagnement de la grossesse, participation à l’accouchement et aux soins quotidiens l’amènent à une meilleure compréhension du petit.

 

Mais la mère, dans la plupart des cas, ne renonce pas pour autant à son rôle naturel. L’enfant risque alors d’être surprotégé par ses deux parents.

 

  • Papa gronde l'enfant et maman gronde papa.
  • Pour dépasser le conflit, papa imite maman et laisse faire l'enfant.

De la règle au plaisir

Du "fais ce que je te dis", l’éducation est passée à "qu’est-ce que tu veux ?". Or le très jeune enfant est submergé par ses désirs: hormis pendant son sommeil, le bébé est avide de recevoir nourriture, câlins, soins et stimulations. Passés les premiers mois de total "maternage", il appartient aux adultes de distinguer ce qui relève des besoins et des caprices. La réponse apportée doit être différente. L’enfant qui a faim doit être nourri mais pas exclusivement de son plat favori.

 

Le renoncement et l’attente sont nécessaires pour savoir un jour accepter la loi. Apprendre à différer son plaisir est indispensable pour vivre en collectivité. Aujourd’hui, l’écolier ne comprend pas qu’une consigne collective s’adresse aussi à lui. L’activité scolaire est inacceptable si elle n’est pas ludique; l’enfant, consommateur approuvé par ses parents, attend du plaisir et s’oppose aux enseignants qui ignoreraient cette nouvelle règle du jeu.

 

Les remèdes

Il serait illégitime de prôner le retour aux valeurs d’antan. Elles comportaient aussi des points très négatifs. Mais, même si le pouvoir des mères est légitime, l’hypertrophie du pôle "maternant" dans la famille pose problème.

 

Le nouveau couple parental est à inventer, construit sur un rééquilibrage des rôles. Les parents doivent prendre conscience de leur mode de fonctionnement personnel. C’est peut-être auprès de professionnels compétents qu’une aide est à chercher : thérapie familiale ou coaching parental. Il est probablement urgent d’organiser ce type de réponses au profit des parents désemparés face à leur enfant tyrannique. Pourquoi pas même des formations pour se préparer à la parentalité ?

 



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10/04/2011
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