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info Suicide d'un juge d'instruction : "J'ai tout donné à la justice"

 

Suicide d'un juge d'instruction : "J'ai tout donné à la justice"

 

On apprend le jour du mouvement des magistrats le décès de l'un d'eux, le 16 septembre dernier. Il a laissé une lettre.

 

 

 

Magistrats (photo d'illustration). (Max PPP).

 

 

C'est jeudi, en ce jour de mouvement général de protestation des magistrats, qu'on apprend la mort de l'un d'eux. Un décès qui, semble-t-il, est connecté de son activité.

Le 16 septembre dernier, Philippe Tran-Van, juge d'instruction au tribunal de grande instance de Pontoise (Val-d'Oise), mettait fin à ses jours en s'allongeant sur des rails, rapporte lenouvelobs. Il avait 45 ans, était marié, et avait deux enfants.

Avant de passer à l'acte, Philippe Tran-Van a rédigé une lettre, qu'il a laissée, sur la table de la salle à manger de son appartement, sous un tableau représentant la Conciergerie.

Une lettre dans laquelle il lie directement son geste à son travail : "Il est impossible de faire face à la charge de travail" écrit-il notamment, ajoutant : "Je préfère en finir car me battre contre ma hiérarchie pour faire valoir mes moyens de défense me semble vain." Jeudi, lenouvelobs publie des extraits suivants de cette lettre :

"J'ai tout donné à la justice et à la magistrature. J'ai donné le meilleur de moi-même, j'ai sacrifié ma vie de couple qui est une des causes de mon divorce. (…) On dit que je suis incompétent pour gérer mon cabinet alors qu'avec la meilleure volonté du monde, il est impossible de faire face à la charge de travail. (...)  Alors, je préfère en finir car me battre contre ma hiérarchie pour faire valoir mes moyens de défense me semble vain. Personne ne vous félicite quand tout va bien et que vous vous épuisez au travail."

Le juge d'instruction poursuit, appuyant sa loyauté sans faille vis-à-vis de sa hiérarchie, indiquant que ses "précédentes évaluations le démontrent." Et mentionnant aussi que ses "propres collègues ne (l)'ont soutenu qu'en apparence."

Toujours selon lenouvelobs, le jour de sa mort, Philippe Tran-Van a dit à sa femme qu'il irait à l'USM (Union syndicale des magistrats) pour parler de ses difficultés professionnelles.

Isabelle Tran-Van confie aussi : "Pour lui, avoir à établir des priorités, devoir choisir, abandonner des gens à leur détresse, c'était insupportable". Elle revient sur les nombreuses fois où son mari a tiré la sonnette d'alarme : "Il faisait des courriers pour dire qu'il n'en pouvait plus, qu'il était débordé. (...) Il alertait, mais rien ne changeait".

Interrogée par lenouvelobs, une collègue du juge explique que, dans le milieu des magistrats, se plaindre et avouer ses échecs "ne se fait pas. (....) C'est s'exposer au risque de s'entendre répondre qu'on est faible, incompétent".

Philippe Tran-Van avait déjà tenté par deux fois de mettre fin à ses jours. La veille de son décès, sa hiérarchie lui a remis un rapport l'accusant, selon sa femme, de "déloyauté, d'incompétence."

Interrogée par Le Post sur le temps écoulé entre la mort de ce magistrat et la date à laquelle nous l'apprenons, la journaliste du nouvelobs qui a rédigé l'article, Elsa Vigoureux, nous dit "avoir découvert ce suicide récemment, en travaillant sur le mouvement des magistrats." Selon elle, le fait que "ni les syndicats ni la chancellerie ne fassent de publicité à ce sujet de manière générale" n'y est pas étranger. Et que le suicide chez les magistrats soit "un sujet très tabou" non plus.
Magistrats (photo d'illustration). (Max PPP). | Max PPP


11/02/2011
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