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Le psychologue : un allié précieux du juge pour décider de la résidence de l'enfant

Le Point.fr- Publié le 06/08/2012 à 08:59

Lire dans les silences, déchiffrer les non-dits et la gestuelle des enfants du divorce : c'est aussi le travail du psychologue.

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Photo d'illustration© Florence Durand / Sipa

 


 

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François a rompu son Pacs au bout de trois ans. Aujourd'hui, ce haut fonctionnaire essuie les plâtres de la séparation. "Mes enfants ont aussi été entendus par le juge avec un avocat d'enfants. Ma fille a demandé à rester avec sa mère et mon fils a manifesté sa volonté de vivre avec moi." Sauf que, concernant la jeune adolescente de 12 ans, tout n'est pas si clair. "Devant l'un des psychologues, elle a dessiné sa mère sans yeux, ce qui montre qu'elle est perturbée", s'inquiète François.

Face à la séparation de ses parents, l'enfant doute qu'il est le fruit de l'amour. Surtout lorsque le couple reporte sur lui ses propres blessures narcissiques. Pour comprendre ses besoins et choisir la solution la plus "juste" quant à son mode de résidence, le juge s'entoure d'experts. Virginie Ysmal-Guerton, psychologue clinicienne, intervient dans le cadre des conflits conjugaux pour livrer son éclairage sur de telles situations. Le rituel est à chaque fois le même. La psychologue rencontre d'abord individuellement chacun des membres de la famille. Puis elle dialogue avec l'enfant. "On décrypte son ressenti et la façon dont il vit le conflit parental", observe-t-elle.

La psychologue le questionne notamment sur des éléments "banals" de sa vie quotidienne (l'école, la maîtresse, ses activités extrascolaires, etc.) et sur les relations qu'il a avec ses pairs. "Cela nous permet de savoir si l'enfant est isolé, ce qui est un indicateur de son anxiété ou d'une tendance dépressive", décrypte-t-elle.

Dialoguer par le dessin

Pour établir le dialogue, la psychologue installe une relation de confiance. "Le dessin est un bon médiateur de l'état d'esprit de l'enfant. Il donne des indications sur la façon dont il se perçoit, ou dont il perçoit ses proches. Il peut montrer des peurs ou des craintes si, par exemple, il représente ses parents tout en noir ou s'il donne à l'un d'eux la forme d'un monstre, explique Virginie Ysmal-Guerton. Le dessin fournit aussi des informations sur la motricité graphique de l'enfant, sur son stade de développement ou sur sa construction personnelle."

La psychologue s'emploie, par ailleurs, à détecter le fameux "syndrome d'aliénation parentale", imputé au parent avec lequel l'enfant vit et destiné à rejeter l'autre. Les principaux signaux en sont les mots et expressions d'adultes employés par l'enfant, un discours décalé comme "mon papa ne s'est jamais occupé de moi quand j'avais six mois", ou encore un refus de voir l'autre parent obstiné et non motivé. "L'enfant ne voudra pas trahir ce parent qui est tout-puissant dans son esprit. Car s'il le trahit, il pense qu'il ne lui reste plus personne", explique Virginie Ysmal-Guerton.

Chez les jeunes enfants, la psychologue observe que le conflit parental entraîne parfois une diminution ou une modification des repères. A fortiori lorsque ces enfants évoluent dans des familles recomposées. "Par exemple, ils appellent leur beau-père papa suivi du prénom de l'adulte. Or, pour se construire, l'enfant a besoin de repères clairs. Un papa, il n'en a qu'un."



08/08/2012
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