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Montauban. Ses cinq enfants lui ont été retirés trois jours avant Noël sur décision d’un magistrat

Montauban. Ses cinq enfants lui ont été retirés trois jours avant Noël
sur décision d’un magistrat
 

Maguy Michalakis (à droite) aux côtés de sa tante venue la soutenir./Photo DDM, P.Mz
Maguy Michalakis (à droite) aux côtés de sa tante venue la soutenir./Photo DDM, P.Mz

Par: Pierre Mazille (La Dépèche .fr)

Vince (5 mois), Kara (2 ans), Joshua (4 ans), Jeanne (6 ans) et Léa (10 ans) ne passeront pas Noël avec leur maman. Ou sont-ils aujourd’hui ? Cette mère n’en sait rien. Jeudi soir, policiers et travailleurs sociaux sont venus retirer ses enfants à Maguy Michalakis, 35 ans, mère célibataire. La famille occupe un appartement au sommet de la tour du Rond à Montauban. Sur le palier, hier matin, la porte explosée témoigne de la violence de l’intervention de la veille consécutive à une audience tenue quelques heures plus tôt dans le bureau de la juge des enfants, Mme Alaux-Lambert. Cette audience s’est soldée par une décision de placement des enfants appliquée le soir même. Face à la juge, la mère n’a pu faire valoir sa requête : « Laissez-moi passer Noël avec mes enfants ». Maguy a donc prévenu : « Je ne vous laisserai pas faire ». Le face à face entre les deux femmes en présence de l’aînée des enfants a été « très violent », assure Claire Arnal, l’avocate de Maguy. Prise à partie, la magistrate a donc mis un terme à l’épreuve de force qui se dessinait et imposé son pouvoir. Celui de retirer les enfants immédiatement et non le lendemain de Noël. « Rien ne s’y opposait », estime Me Arnal.

La mère et la tante menottées

Baricadées chez elles, Maguy et sa tante ont donc tenté de s’opposer à l’enlèvement des enfants jeudi soir. Jusqu’à ce que la hache des policiers (malgré tout émus par cette douloureuse mission) ne mette un terme au siège. La scène a consterné le voisinage. La mère et la tante menottées, des enfants en pleurs, des cris, un bambin de 4 mois prestement arraché par l’assistante sociale, le reste de la fratrie embarqués à peine vêtus : « Jeanne venait de sortir de la clinique ou elle avait été opérée des végétations. Elle pleurait. La grande a juste eu le temps de prendre le doudou de Kara. Joshua se demandait ce qui lui arrivait… La juge a abusé de son pouvoir », assène Maguy.

“La juge a abusé de son pouvoir”

Pour Maguy, ce Noël en famille pouvait apparaître comme un bonus salvateur. Elle reconnaît avoir été fatiguée physiquement et moralement mais assure reprendre le dessus. Arrivée du Pas-de-Calais sur les traces de son compagnon d’alors, elle et ses enfants ont connu le foyer, puis un petit 2 pièces avant de s’installer il y a plusieurs mois dans ce F3 du Rond. En novembre dans le creux de la vague, elle avait elle-même sollicité le placement de ses enfants. Les services sociaux n’avaient pu donner suite. « Je me suis débrouillée toute seule. Personne ne m’a aidée. J’ai fait tout ce qu’ils me demandaient. Je ne bois pas, je ne me drogue pas »…Maguy enrage. cette année, les petits allaient être gâtés. Avec l’aide du Secours populaire et des amis, jouets et sapins promettaient un joyeux Noël.

Une réponse qui ne convainc guère

Contactée hier, la juge était absente du tribunal. à la Sauvegarde de l’enfance, on se retranche derrière le secret professionnel pour ne pas répondre à la question qui taraude l’observateur sensible à la détresse de cette femmedésemparée : « Pourquoi le placement des enfants ne pouvait-il attendre le lendemain de Noël alors que la famille vit sous le même toit et le contrôle des services sociaux depuis de longs mois ? ». « On a évalué la situation. cela a été rendu nécessaire pour la protection des enfants », lâche notre interlocuteur. La réponse ne convainc pas. Pas plus qu’elle ne justifie, en dépit des griefs faits à Maguy, la violence d’une décision si peu œcuménique.



27/12/2011
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