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Seine-Saint-Denis – Victime de violences conjugales, elle est tuée

 

 

Seine-Saint-Denis – Victime de violences conjugales, elle est tuée

juin 26, 2010 par lagazettedeputeaux

 

Nathalie Mazier

 

Nadia B., 38 ans, a été frappée de plusieurs coups de couteau, dans son appartement, à Saint-Denis, lundi. La mère de famille était battue par son mari depuis de nombreuses années.

 

 

Un immeuble de la cité des Franc-Moisin Un immeuble de la cité des Franc-Moisin © Nathalie Mazier Fatiguée de sa vie de femme battue, Nadia B. répétait souvent à son amie Karima qu’« elle n’avait pas vécu sa vie ». Lundi soir, cette mère de famille d’origine algérienne, 38 ans, a été retrouvée morte chez elle, 29 allée Antoine de Saint-Exupéry, dans le quartier Franc-Moisin de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Après la découverte de son corps, son mari, Mohamed B., 43 ans, était mardi introuvable. Et les enquêteurs de la section départementale de police judiciaire de Seine-Saint-Denis (SDPJ 93), en charge de l’affaire, se sont lancés à ses trousses.

 

Mardi, dans la cité Franc-Moisin, au pied du bâtiment où vivait Nadia B., l’incompréhension domine. « On ne sait pas exactement ce qu’il s’est passé, on l’a appris ce matin », confie une maman, encore sous le choc de la nouvelle. « Je l’ai vue lundi matin (le jour du meurtre, NDLR), elle partait accompagner ses enfants à l’école », se souvient une de ses voisines.

 

« Elle vivait l’enfer »

Arrivée en France en 2003, Nadia B., native de M’Sila en Algérie, s’était installée dans cette cité sensible de Saint-Denis avec son époux, Mohamed B. Déjà mère de quatre filles restées au pays, elle donne naissance à deux garçons, aujourd’hui âgés de 3 et 7 ans et à une fille de 5 ans. Nadia s’intègre bien à la vie du quartier, s’investit au sein d’associations et se lie d’amitié avec d’autres femmes auxquelles elle confie ses problèmes de couple. « Son mari buvait, la tapait, la trompait, il la menaçait de mort devant tout le monde », explique Karima, une amie de Nadia. Entre ses mains, la jeune femme tient un dossier dans lequel elle a accumulé les documents qui attestent des démarches effectuées par Nadia pour témoigner de cette violence. « Je l’ai accompagnée trois ou quatre fois déposer plainte au commissariat. Cela n’a rien donné… », assure-t-elle. Les deux femmes se seraient même rendues en mairie, prenant contact avec les services sociaux. Sans succès, apparemment. « Et maintenant, elle est partie », soupire Karima, déplorant cette inaction.

 

A côté d’elle, Abdelhak B., 52 ans, le frère de Nadia, confirme les difficultés conjugales de sa sœur cadette. « Elle souffre depuis qu’elle est mariée, elle vivait l’enfer avec lui », confie-t-il. Depuis quelques mois, il avait quitté l’appartement familial mais Nadia continuait à vivre dans la peur. « Elle n’osait plus sortir de chez elle, il l’a guettée jour et nuit… », affirme Karima. Pour les proches de Nadia, son implication ne fait guère de doute. « Son absence le prouve, ma sœur n’avait pas d’ennemi… », indique Abdelhak B. « Il l’a tuée car il n’a pas admis le fait qu’elle veuille divorcer », ajoute-t-il.

 

Coups de couteau

La veille du drame, Karima a reçu un coup de téléphone de Nadia. Elle lui a répété une nouvelle fois qu’elle souhaitait engager une procédure de divorce. Lundi, Karima passe un coup de fil son amie pour prendre de ses nouvelles. Il est 10 heures du matin. Personne ne répond. Elle tente une nouvelle fois. En vain. Karima s’inquiète. Elle va taper à sa porte, à celle d’un des frères de Nadia qui vit dans un immeuble voisin. Mais la mère de famille est introuvable. En fin d’après-midi, la directrice de l’école alerte les proches : Nadia n’est pas venue chercher ses enfants comme à son habitude. L’inquiétude grandit.

 

Vers 22 heures, au cinquième étage de l’immeuble du 29 allée Antoine de Saint-Exupéry, où vit Nadia, son frère tape à la porte. Impuissant, il finit par alerter les pompiers. Ces derniers s’introduisent chez Nadia B., par un étage supérieur. Ils la découvrent, morte sur son lit, avec un coussin sur la tête. Son corps est très abîmé. Nadia B. a été frappée et lardée de nombreux coups de couteau et, selon certaines sources, elle a été « éviscérée ».

 

Selon ses proches, son mari était présent dans le quartier le matin du drame. « Une dame l’a vu quitter les lieux avec une valise et nous craignons qu’il ne s’enfuie en Algérie », indique l’un d’entre eux. Depuis, personne ne sait où il se trouve. L’autopsie du corps de la victime est prévue aujourd’hui à l’institut médico-légal de Paris.

 



01/02/2011
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