ou son passer les N'ASES ?????Sartrouville : accusés d’avoir martyrisé leur fille adoptive
PASCALE ÉGRÉ
ARCHIVES. Un couple est jugé à Versailles (Yvelines) pour actes de torture et de barbarie sur leur petite fille adoptive.
Dressé en octobre 2007 par une équipe pluridisciplinaire de l’hôpital Necker de Paris, ce constat, qui écartait toute maladie particulière, avait conduit à un signalement et à l’arrestation des parents adoptifs, un temps incarcérés.
Le procès de ce couple accusé d’« actes de torture et de barbarie sur mineur de moins de 15 ans » — et qui a toujours clamé son innocence — s’ouvre aujourd’hui devant les assises de Versailles. Que s’est-il noué entre Pascal et Malika Campin, 44 et 50 ans, restés « solidaires » dans un « déni massif » des violences alléguées? Qui, de l’un ou de l’autre, a infligé à l’enfant ces « coups, morsures, lésions à l’aide d’objets blessants » type stylo ou fourchette que leur reproche l’accusation? Qu’était ce « liquide marron » qui lui faisait « mal au ventre », et que sa maman, selon la fillette, lui donnait? Parents d’un petit garçon un peu plus âgé, qui n’a pas été maltraité, ce couple installé dans un pavillon de Sartrouville (Yvelines) avait adopté Mélissa tout bébé. « Des gens charmants », a décrit le voisinage. Lui, ingénieur et diplômé d’HEC, ancien consultant, ne travaillait plus depuis son licenciement en 2002, année de la parution d’un roman qu’il a intitulé « la République selon Malik ». Elle, issue d’une famille kabyle, titulaire d’un CAP de couture et animatrice, l’avait rencontré en 1991 et épousé en 2000.
Les psychiatres qui les ont examinés relèvent « l’énigme que constitue une maltraitance aussi sévère en l’absence de pathologie mentale ». Le mobile des faits reste incompréhensible, disent-ils, en soulignant le caractère « fusionnel » du couple. « Le érémiste et l’Arabe », le définit Pascal Campin, qui a toujours mis en avant sa fibre paternelle et son projet d’adopter « une douzaine d’enfants ». « On n’a jamais maltraité notre fille », s’est défendu Malika Campin-Ouari, qui s’est décrite comme une « maman possessive ». Elle qui avait toujours expliqué aux tiers les soucis de santé de l’enfant par une « maladie orpheline » s’est arc-boutée sur l’idée d’un « complot médical » à leur encontre. Les marques? « Des bisous appuyés. » Les lésions? Des « grattages » jusqu’au sang ou des chutes. L’œil qu’a perdu Mélissa? Le père l’attribue à une infection nosocomiale attrapée à l’hôpital. Les médecins, eux, soupçonnent une projection de produit corrosif.
L’hypothèse d’un syndrome de Munchausen par procuration, qui consiste pour un adulte en souffrance à infliger à son enfant des sévices simulant une pathologie, sera sans doute débattue à l’audience. Si des propos de Mélissa tendent à porter les soupçons les plus forts sur la mère, l’accusation estime que les sévices n’ont pu être ignorés par le père. Car la fillette aurait subi ce calvaire sur une longue période — les cicatrices étaient anciennes et un premier signalement, resté sans suite, avait été effectué par un pédiatre dès son placement chez le couple, début 2004. « Il s’agit d’un dossier extrêmement complexe sur le plan médical », avancent les avocats des parents, Mes Gilles Antonowicz et Françoise Cotta. Une trentaine de médecins et experts vont se succéder à la barre durant les trois semaines du procès, dont le verdict est attendu le 31 mai.
* Le prénom de la victime mineure a été modifié
Le Parisien
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