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100 ans après sa mortOn s'arrache Jean Jaurès

100 ans après sa mortOn s'arrache Jean Jaurès
Au Café du Croissant, dans le 2ème arrondissement à Paris, lieu où Jean Jaurès fut assassiné le 31 juillet 1914 par Raoul Villain. © NICOLAS MESSYASZ/SIPA
Le 31 juillet 2014 | Mise à jour le 31 juillet 2014

Jean Jaurès, député socialiste et fondateur de «L’Humanité», est mort assassiné le 31 juillet 1914 pour ses positions pacifistes. Cent ans plus tard, tous les hommes politiques, du Front National au Parti Communiste, s’approprient les idées d’un homme dont l’idéologie s'inspire aussi bien du marxisme que de la tradition républicaine française.

A l’occasion du centenaire de la mort de Jean Jaurès, son nom revient dans toutes les bouches des personnalités politiques qui peuplent le paysage français. Tous lui rendent hommage, le saluent, l’utilisent et déclarent avec force et aplomb que si l’ancien député du Tarn était encore de ce monde, il serait dans leur camp. Un consensus étonnant, si l’on se souvient combien Jaurès était clivant de son vivant.

Après avoir été reçu premier à l’Ecole Normale Supérieure en philosophie, devant Henri Bergson, et d’en obtenir l’agrégation, c’est à 25 ans que Jean Jaurès se lance en politique. Il est alors étiqueté républicain modéré «opportuniste». Cela signifie qu’il penche du côté de Jules Ferry et d’une certaine bourgeoisie de gauche. Elu député de Toulouse en 1885, un événement majeur va le faire basculer dans le socialisme en 1892 : la grève de Carmaux.

Le fondateur de la SFIO et de «L’Humanité»

Calvignac, leader syndical et socialiste à la Compagnie des Mines de Carmaux, est licencié en raison de son activité politique. En représailles, les ouvriers décident de faire grève mais le président Sadi Carnot envoie l’armée. Avec Clémenceau, Jaurès soutient les grévistes contre les capitalistes et s'initie à la lutte des classes. Désigné par les ouvriers, Jaurès se présente comme socialiste indépendant et est élu à la Chambre en 1893. Jaurès est un fervent pourfendeur de la censure exercée par l’Etat : «C’est ainsi que vous êtes obligés de recruter dans le crime de quoi surveiller le crime, dans la misère de quoi surveiller la misère et dans l’anarchie de quoi surveiller l’anarchie.» L’affaire Dreyfus, au cours de laquelle Jaurès défend des idéaux de justice et d’humanité, lui donne une dimension nationale. En 1904, il fonde le quotidien «L’Humanité» qu’il dirigera jusqu’à sa mort et, en 1905, il participe à la création de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière). Jaurès passe ensuite les neuf dernières années de sa vie à lutter contre les nationalismes et la guerre. Il préconise une armée de défense liée à la nation.

Chacun voit Jaurès à sa porte

Si les idéaux de Jaurès semblent être ceux de beaucoup de notre personnel politique, c’est qu’il s’inspire aussi directement de celui de la Révolution : liberté, égalité et fraternité. Des idéaux dans lesquels même le Front National prétend se reconnaître. Lors de la campagne pour les élections européennes en 2009, Marine Le Pen a ainsi dans son discours cité Jaurès comme défenseur de la Nation : «A celui qui n’a plus rien, la Patrie est son seul bien.» Quelques années avant déjà, Nicolas Sarkozy, en campagne pour les présidentielles de 2007 avait accusé Lionel Jospin, Ségolène Royal et François Hollande d’avoir «trahi Jaurès». Se réclamant de «ce grand homme», Nicolas Sarkozy comptait ainsi «se donner une image d’homme de progrès et d’ouverture» selon l’historien Gilles Candar dans une interview vidéo accordée au «Monde».

A gauche, on se revendique différemment de Jaurès. La gauche de gouvernement, le Parti Socialiste, préfère se souvenir du grand homme d’Etat, du républicain, du diplomate, du défenseur de l’Ecole, de la laïcité. François Hollande avait révélé «être inspiré par Jaurès» le 23 avril dernier à Carmaux. Quant à la gauche à la gauche du PS, elle se souvient que Jaurès était un socialiste, qu’il était pour une meilleure répartition de la propriété et prônait la justice sociale. Alors quand Jean-Luc Mélenchon entend Manuel Valls dire que «Jaurès aurait signé le Pacte de responsabilité» ou François Hollande prétendre s’en inspirer, cela le met en colère. Interrogé par RTL ce 31 juillet, le leader du Front de Gauche a jugé que François Hollande «rabougrit Jaurès» et en est un «liquidateur». «Hollande, c’est un planqué de l’esprit qui va passer son temps à fuir» a-t-il estimé.



31/07/2014
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