Quand les experts psychiatres se croient au-dessus des lois.
Le Webmaster
Paulo le bricoleur (suite) / Un expert psychiatre poursuivi en justice
SOISSONS (Aisne). Paulo le chauffeur, bricoleur, jardinier et serveur a quitté la région. Son sort a ému, une enquête est en cours. Son employeur qui voulait avertir le parquet de Soissons va être servi…
BON, et alors Paulo dans tout ça ? Paulo, le bricoleur licencié à 75 ans (*) ? Ça s’est arrangé un tout petit peu pour lui. On a bien dit un tout petit peu. Paulo a déménagé, il a rendu les clés du charmant réduit qu’il occupait depuis cinq ans à l’ombre des fenêtres de son bailleur. Un copain est venu le déménager, il a embarqué sa paire de meubles, ses souvenirs de Soissons, et ses couteaux de cuisinier parce que Paulo, avant d’être homme à tout faire chez son proprio, avant aussi d’être patron de brasserie à Paris et même à Metz, Paulo avant cela était cuisinier.
On vous parle de Metz, ce n’est pas par hasard. Notre bonhomme est retourné là-bas, pas loin de sa fille et pas loin de son fils. Il a trouvé un 32 m2, appartement 204, dans une résidence pour personnes âgées non dépendantes. Ça va. A cette heure, il a sans doute validé une petite grille de loto, il a peut-être joué un tiercé et parcourt maintenant les lignes d’autres confrères. Paulo aime bien lire le journal. Là-bas, ce sera le Républicain Lorrain.
Des conditions indignes
Il y a pas mal de kilomètres entre Soissons et Metz, mais ce n’est pas ça qui va éroder la détermination du bricoleur. Appelons le René, puisque c’est son vrai prénom. René Laugier, Laugier c’est son vrai nom, sait désormais qu’un avocat a pris en charge son dossier, tout du moins son volet prud’homal (lire ci dessous).
Il y en a un autre confrère, en Lorraine, qui pourrait bien gratter la dimension pénale de l’affaire, puisque pénal il pourrait y avoir. Surprenant ? Pas tant que ça. Le commissariat de Soissons a dans ses tiroirs, depuis le 24 janvier dernier, des premiers signalements d’insultes, insultes subies par René Laugier chez son employeur. Trois jours plus tôt, un courrier circonstancié était envoyé à la procureur, Isabelle Pagenelle. L’homme à tout faire y listait des faits qui, selon lui, relèvent de « conditions de travail et d’hébergement contraires à la dignité de la personne ». Le bricoleur s’est à nouveau plaint au commissariat le 14 février. Bref, aujourd’hui, « l’enquête est en cours et nous n’avons aucune déclaration à faire », laisse entendre le parquet de Soissons. C’est bien la moindre des choses. Et ça ne va pas être simple. René à Metz, Lucien à Soissons… On ne vous l’avait pas dit : l’ex-employeur de René se prénomme Lucien.
Un homme de paroles…
Ça risque désormais d’être coton pour confronter les parties. La transmission du dossier au parquet lorrain pourrait être envisagée. Elle n’aurait qu’un seul avantage : celui de permettre à l’ancien patron de René Laugier de rendre visite à son ex-commis avec lequel il avait promis, un soir de trêve et chéquier en main, de solder et les comptes et le contentieux.
Souvenons-nous en : il fallait pour cela, ne rien évoquer dans ces pages et surtout pas d’identités. D’où ce prénom supplétif, Paulo…
Cela, c’est le passé car René Laugier vient de recevoir quelques documents à son nouveau domicile. Un certificat de travail et un « reçu pour solde de tout compte » avec une bulle simplissime comme obole. C’est noirci sur un document tapé à l’ancienne, une feuille de machine à écrire avec des lettres plus appuyées que d’autres et presque encore l’odeur du ruban. L’expéditeur du paquet cadeau est Lucien, donc, Lucien Maarek, le docteur du même nom. Décidément, on n’a pas de chance avec les docteurs en ce moment. On le présente : médecin en retraite, neuropsychiatre, psychothérapeute, attaché consultant au centre hospitalier, expert près de la cour d’appel d’Amiens, membre correspondant de la société de médecine légale et de criminologie de France, dixit son papier à lettres. C’est le même qui nous certifiait que notre Paulo de l’époque était à deux doigts du délire de persécution. Un paranoïaque en puissance. L’employeur psychiatre songeait même à en informer la procureure.
Le malade mental, licencié par son employeur psy, se porte aussi bien que possible. On ne cesse de l’interpeller dans les rues parce que sa tête est la réplique exacte de celle de Dominique Gros, le maire socialiste de Metz. Et puis, après cette parenthèse de cinq ans, René a retrouvé sa ville. Celle dans laquelle il avait tenu pendant des années La Cigale, sa brasserie, dont il n’a jamais jeté les photos.
Lucien, la Cigale, vous viendrez bien un jour y prendre un verre ?