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Valras-Plage Battue à mort à 4 ans, elle n’osait même plus pleurer

 

Valras-Plage Battue à mort à 4 ans, elle n’osait même plus pleurer

Valras-Plage Battue à mort à 4 ans, elle n’osait même plus pleurer
Laure Moysset – L’Indépendant


Dans les scellés recueillis durant l'enquête : le pommeau de douche utilisé pour frapper l'enfant.
Dans les scellés recueillis durant l’enquête : le pommeau de douche utilisé pour frapper l’enfant. (M.-S. H. – L’Indépendant)
Rejugés, la mère de l’enfant et son compagnon ont dû retracer hier le calvaire infligé à Aliya, fillette battue à mort dans l’indifférence et morte en 2008 à Valras-plage.
Aliya n’avait que 4 ans le 12 avril 2008, le crâne brisé, elle s’est effondrée, inconsciente, dans le minuscule appartement de Valras-plage. La petite fille ne se réveillera jamais du cauchemar qu’elle endurait depuis plusieurs mois.


Trois gifles pour apprendre à compter
Sa mère, 30 ans, et le compagnon de celle-ci, 26 ans, jugés pour sa mort depuis lundi aux assises des P.-O., racontent que ce jour-là, l’accusé, légionnaire déserteur, venait de se lever vers 12 h 30. Il avait alors asséné trois gifles à l’enfant pour l’obliger à compter des abeilles sur son cahier de devoir.
Intolérable : 92 lésions sur le corps
Sur les murs, “absolument partout”, sur sa petite chaise, les enquêteurs ont retrouvé de petites tâches rougeâtres “nettoyées”. Et la liste des blessures relevées sur l’enfant est, elle, plus intolérable encore. Le corps et le visage tellement meurtris qu’ils en ont été rendus méconnaissables.
D’un poids de 14 kg nettement inférieur à la normale. Avec pas moins de 92 lésions dont des brûlures de cigarettes, de multiples ecchymoses, un bras cassé, le pancréas fracturé, une dizaine de plaies sur la face et même les lèvres l’empêchant de se nourrir, et des hématomes cérébraux provoqués par des coups de pommeau de douche, à l’origine de sa mort.
Au terme de plus de dix jours d’agonie, alors même qu’elle avait une chance de survivre. “Impressionnant, confesse l’expert légiste. Pour moi, elle était inconsciente au moins depuis la veille. Dans son état, elle ne pouvait pas parler”.
De véritables raclés à coups de poing
Car, Aliya était battue tous les jours de manière de plus en plus violente. De véritables raclés à coups de poing et de pied. “Pour la punir de ses bêtises”, “quand elle refusait de manger”, “pour essayer de la cadrer”, “quand il perdait le contrôle”, “parce qu’elle était dissipée”, ou le plus souvent “par jalousie quand elle se faisait câliner par sa mère”.
Un peu comme cet homme faisait souffrir le petit chien de sa mère quand il était enfant “parce qu’il ne supportait pas qu’elle lui donne de la tendresse”. Et puis, il y avait la torture et le système de vidéo surveillance installé par le couple quand ils sortaient tous les deux. Elle avait interdiction de bouger du canapé même pour aller aux toilettes et était rouée de coups lorsqu’au vu de l’enregistrement, elle avait désobéi.
La mère s’est tue jusqu’au dernier souffle de l’enfant
Pourtant, sa mère, “consciente de ces violences” n’a jamais rien fait pour mettre fin à ce calvaire. Elle se montrait “agressive”, mais en restait aux “insultes”. Elle ne l’a jamais emmenée chez un médecin. Elle se contentait de la soigner avec des pommades, de l’éosine et des granules d’Arnica, l’empêchait de sortir depuis un mois et demi et ne l’envoyait plus à l’école car les bleus “de partout” se voyaient trop et qu’elle avait “honte”.
Elle a refusé de confier la garde de la petite fille à son père et au frère jumeau de son compagnon. Et elle s’est tue jusqu’au dernier souffle de l’enfant. N’appelant les secours que lorsqu’il était trop tard.
“Il n’a pas maîtrisé sa force”
Par indifférence pour sa fillette ? Par amour pour son bourreau ? Par peur d’aller en prison ? “Je lui pardonne. Il n’a pas maîtrisé sa force”, explique-t-elle. “J’étais inconscient. Je ne voulais pas la tuer. Plus je me définis, plus je me dis que je suis un monstre. Je préfère ne pas en rajouter pour ne pas choquer les gens”, lâche le père sans lever le regard. “J’ai l’impression qu’il est devenu fou, ajoute son jumeau. J’aurais tellement voulu qu’Aliya me dise quelque chose. Si j’avais su…”.
Si quelqu’un pouvait expliquer l’insupportable. Qu’Aliya, sans personne, sans même pouvoir se raccrocher à sa mère, son dernier espoir, continuer d’affronter la violence aveugle jusqu’au bout de ses forces. Qu’une petite fille, comme toutes les autres, “ni plus ni moins difficile” mais seule, avait, malgré la souffrance, fini par ne plus se plaindre et ne même plus oser pleurer. Jusqu’à mourir en silence.
Le verdict est attendu aujourd’hui.
(Source : L’Indépendant)


18/05/2012
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