INFOGRAPHIE – Trente-trois ans après l’assassinat de Grégory Villemin, trois membres de la famille ont été arrêtés : l’oncle et la tante de Jean-Marie Villemin – le père du petit garçon -, ainsi qu’une belle-soeur. La grand-mère de la victime, Monique Villemin, et son mari ont également été entendus mais en audition libre.
C’est un rebondissement inattendu. Trente-trois ans après l’assassinat du petit Grégory Villemin en Lorraine, cinq membres de la famille Villemin étaient interrogés ce mercredi par les enquêteurs, dont trois sous le régime de la garde à vue, dans le cadre de l’affaire Grégory, a indiqué une source proche du dossier.
Les trois personnes arrêtées et placées en garde à vue appartiennent à la famille Villemin: il s’agit de l’oncle et la tante de Jean-Marie Villemin – le père du petit garçon-, ainsi qu’une belle-soeur, Ginette Villemin, a précisé une source proche du dossier. La grand-mère du petit Grégory, Monique Villemin, et son mari, Albert, ont également été entendus mais en audition libre.
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L’oncle et la tante septuagénaires et la grand-mère ont été arrêtés dans le village d’Aumontzey et la belle-soeur à Arches, dans les Vosges, pour des faits de «complicité d’assassinat, non-dénonciation de crime, non-assistance à personne en danger et abstention volontaire d’empêcher un crime», selon le quotidien L’Est Républicain, qui a révélé l’information.
«Ça bouge beaucoup (dans le dossier)», a déclaré à France Bleu Thierry Moser, avocat des époux Villemin. Ces interpellations relancent une affaire considérée comme l’un des plus spectaculaires naufrages judiciaires et médiatiques du siècle écoulé.
Une enquête rocambolesque
Il faut remonter en 1984 pour comprendre cette énigme judiciaire. On est au mois d’octobre, le 16 précisément. Le petit corps de Grégory Villemin, 4 ans, est retrouvé dans la Vologne, une rivière de Lorraine. À ce moment-là, Jean-Michel Lambert est juge d’instruction à Épinal dans les Vosges. Le magistrat, alors âgé d’une trentaine d’années, va se retrouver propulsé à la tête d’une des affaires judiciaires les plus médiatiques de France. Au cours de l’enquête, il oriente d’abord ses recherches sur Bernard Laroche, un proche de la famille Villemin, dénoncé par Muriel Bolle, sa belle-sœur. L’adolescente se rétractera rapidement. L’homme est placé en détention par le magistrat qui le libère trois mois plus tard, faute de preuves. Mais le 29 mars 1985, il est tué d’un coup de fusil par Jean-Marie Villemin, le père de l’enfant, persuadé de sa culpabilité.
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Par la suite, c’est la mère du petit Grégory, Christine Villemin, qui a été soupçonnée de ce meurtre avant d’être blanchie pour «absence totale de charges», le 3 février 1993. Après sept ans de silence, le dossier est rouvert une première fois en 2000 suite à la demande de Me Thierry Moser, l’avocat des parents, qui a toujours combattu pour repousser les délais de prescription de cette affaire hors norme. Cette année-là, grâce au développement des recherches ADN, un timbre figurant sur une lettre anonyme envoyée aux grands-parents du petit Grégory le 27 avril 1983 est examiné. Mais les résultats sont négatifs. Il faut donc, pour les enquêteurs, repartir de zéro.
En 2008, Me Thierry Moser obtient une deuxième réouverture de l’enquête. De nouvelles analyses ADN sont réalisées. Trois ADN exploitables sont mis au jour, mais les comparaisons ne donnent rien. Comme le veut le droit pénal, la réouverture de l’enquête repousse encore une fois la prescription de dix ans en ce qui concerne les crimes de sang. Elle est donc repoussée à décembre 2018.
Depuis, l’affaire semblait donc végéter. Mais le rebondissement de ce mercredi pourrait relancer cette enquête