Chaque année en France, 140 000 enfants sont retirés à leur famille pour être confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance Familles d'accueil : élever et aimer les enfants des autres
M6
Familles d'accueil : élever et aimer les enfants des autres
Chaque année en France, 140 000 enfants sont retirés à leur famille pour être confiés à l'Aide Sociale à l'Enfance. Violences, mauvais traitements… ils ont souvent connu le pire. 65 000 se retrouvent placés en famille d'accueil. Nous avons enquêté sur ces parents qui élèvent les enfants des autres. Générosité, solidarité, ouverture aux autres… comment vivent ces familles dans lesquelles des jeunes venus d'ailleurs essaient de trouver leur place ?
Élever les enfants qui lui sont confiés par le Conseil Général, c'est le métier de Katia, assistante familiale, mariée, 3 enfants. Depuis 15 ans, elle leur consacre tout son temps.
Comment fait-elle pour leur donner l'éducation, la protection mais aussi l'affection qui leur manquent, sans négliger son mari et ses enfants ?
Héberger des adultes fragiles, déboussolés, sortant d'un hôpital psychiatrique, c'est le travail de Chantal, assistante thérapeutique, mariée, 2 enfants. Chaque contrat dure en moyenne 2 ans. Que se passe-t-il en cas de problème ?
Accueillir chez elle des enfants étrangers malades venus se faire opérer en France, c'est la mission d'une autre Chantal, mariée, 3 enfants.
Comment apprivoiser Hassan, un petit irakien déchiré par le mal du pays ? Comment le soutenir dans l'épreuve ?
Reportage Sylvain Pak, Aude Favre et Gaëlle Copienne, Camicas Production.
Informations complémentaires :
1/ Familles d'accueil : élever et aimer les enfants des autres
A/ Accueillir un enfant dans le cadre de l'Aide Sociale à l'Enfance
Face à la montée du chômage, de la précarité et de la monoparentalité, de plus en plus d'enfants sont confiés à l'Aide Sociale à l'Enfance. En 2009, ils étaient 143 800, un chiffre en hausse de 4% par rapport à 2005. La moitié d'entre eux vivent dans des familles d'accueil. Ils sont placés :
- soit après une décision du juge des enfants, qui s'impose aux parents (Il s'agit de mesures d'assistance éducative prévues par le Code Civil si « la santé, la sécurité ou moralité d'un mineur est en danger ou si les conditions de son développement physique, affectif, intellectuel et social sont compromises ») ;
- soit après une décision administrative prise par le Conseil Général. Le placement en famille est alors réalisé sur la demande ou avec l'accord des parents. Cet accueil doit éviter que le déséquilibre de l'environnement familial n'ait une influence néfaste sur le développement de l'enfant.
Dans 90% des cas, il s'agit d'une décision du juge des enfants. Chaque année, on suit la situation de l'enfant et des parents pour décider du maintien ou de la levée du placement.
Pour en savoir plus, consulter la rubrique « droit de la famille » de ce site.
www.droitsdesjeunes.gouv.fr
Assistant familial : une profession reconnue et encadrée
Accueillir chez soi un enfant en difficulté est un métier à part entière. L'activité d'un «assistant familial» est subordonnée non seulement à l'obtention d'un agrément, mais aussi au suivi d'une formation et au passage d'un diplôme.
L'assistant familial est salarié du département et fait partie d'une équipe coordonnée par le Conseil Général. Chargé du quotidien de l'enfant, il est accompagné par un travailleur social, un psychologue et du personnel administratif.
En moyenne, le salaire de l'assistant familial est de 1 063 € par mois pour un enfant. Si celui-ci est handicapé, l'assistant perçoit une indemnité particulière.
L'assistant familial ne peut héberger plus de 3 enfants en même temps.
Pour en savoir plus sur le métier d'assistant familial
www.metiers.santesolidarites.gouv.fr
FNAF
Fédération nationale des assistants familiaux
www.fnaf.fr
Si on souhaite devenir famille d'accueil, il faut s'adresser à son département.
Le département demande ensuite à la personne candidate d'envoyer un courrier à la Protection Maternelle et Infantile (PMI) du département. La PMI fait une enquête auprès de la famille puis délivre, ou non, un agrément valable 5 ans.
Avant de délivrer l'agrément, les services sociaux se renseignent sur :
- la situation familiale et la composition de la famille (nombre et âge des enfants ainsi que des adultes présents au domicile (grands-parents) ;
- les conditions matérielles d'accueil (type d'habitation, état du logement, nombre de pièces, etc.) ;
- la motivation pour exercer ce métier ;
- la formation, l'expérience et la situation professionnelle ;
- l'expérience auprès d'enfants ;
- le casier judiciaire de tous les membres majeurs de la famille ;
- l'état de santé du candidat et de sa famille.
Par la suite, un ou plusieurs travailleurs sociaux viennent au domicile du candidat pour vérifier que les critères d'agrément sont respectés. Un entretien avec un psychologue est également prévu.
A ces critères nationaux, le président du conseil général peut, par décision motivée et à titre dérogatoire, adapter les critères d'agrément pour répondre à des besoins spécifiques de son département.
L'instruction de la demande d'agrément dure 4 mois.
Un fois l'agrément délivré par le Conseil Général, il faut :
- suivre une formation de 60h pour pouvoir accueillir les premiers enfants ;
- suivre une autre formation de 240h sur les aspects psychologiques, éducatifs et juridiques du métier ;
- après ces formations, on présente le diplôme d'état d'assistant familial (DEAF). Passer ce diplôme est obligatoire, mais l'avoir n'est pas nécessaire pour exercer. Son obtention permet toutefois un renouvellement automatique de l'agrément, sans limitation de durée.
Lorsqu'un enfant est confié à une famille, un contrat d'accueil est établi entre le Conseil Général et l'assistant familial. Ce contrat précise les conditions d'arrivée et de départ de l'enfant, sa situation, les soutiens éducatifs et aussi les visites et sorties, la scolarité, la santé (médecin traitant, hospitalisation, etc), l'entretien (habillement, entretien du linge) et la vie quotidienne (argent de poche, etc).
Maintenir des liens avec la famille naturelle
Le but du placement est de permettre un retour de l'enfant dans sa famille dans de meilleures conditions. Si ce n'est pas possible, l'objectif est de l'aider à grandir en maintenant les liens avec ses parents et ses frères et sœurs. L'assistant familial doit faciliter les visites et les sorties de l'enfant avec sa famille naturelle. En revanche, il n'a pas le droit de remettre l'enfant à ses parents sans l'accord du service d'aide sociale à l'enfance. Il doit enfin s'abstenir de tout jugement à l'égard de la famille de l'enfant.
Une étude de l'Observatoire National de l'Action Sociale décentralisée (ODAS), réalisée en 2008, a conclu que les parents n'étaient pas assez soutenus par les services de l'Aide Sociale à l'Enfance. Dans les faits, une fois l'enfant placé en famille d'accueil, le retour chez ses parents tarde et devient de plus en plus difficile au fil du temps.
Les problèmes du maintien des liens :
- Les parents sont parfois mal préparés à perdre leur autorité parentale. Selon l'association le FA, qui défend les parents d'enfants placés, le service de protection de l'enfance chargé de repérer les signes de maltraitance appliquerait le principe de précaution de façon parfois excessive. Certains placements en famille d'accueil seraient selon eux « abusifs » et pourraient être évités.
Le F.A F.
- Il arrive aussi que des enfants soient arrachés abusivement à leur famille d'accueil. Le 2 février 2011, dans le département du Gers, une fillette de 5 ans prénommée Cindy a été retirée à sa famille d'accueil par les Services de l'Aide Sociale à l'Enfance pour cause de « lien affectif mutuel trop important ». Placée chez Séverine et François Boyer depuis l'âge de 2 mois, Séverine a été confiée à une autre famille d'accueil. Suite à la médiatisation de cette affaire, 50.000 personnes ont signé une pétition pour soutenir la première famille d'accueil et une association a été créée : Pour Le Bonheur d'un Bout d'Chou.
www.pourlebonheurdunboutdchou.org
Le Conseil Général a fait savoir dans un communiqué que « ce choix a fait l'objet d'un travail social sérieux et minutieux en concertation avec tous les acteurs de l'enfance ». De leur côté, les parents biologiques de Cindy dénoncent la difficulté de tisser des liens avec leur fille tant qu'elle était dans cette famille d'accueil. Le calendrier des rencontres entre leur fille et eux n'aurait notamment pas été respecté.
B/ Accueillir un enfant étranger malade
L'association Mécénat Chirurgie Cardiaque aide les enfants atteints de graves maladies cardiaques et issus de tous les continents où ils ne peuvent pas être opérés sur place, notamment d'Afrique, d'Europe de l'est ou du Sud-est asiatique, à venir se faire opérer en France. Dans le monde, près d'un enfant sur 100 naît avec une du cœur. La chirurgie cardiaque est souvent le seul moyen de les sauver. Depuis 1996, près de 1400 enfants ont été opérés grâce à l'association.
Aujourd'hui, 250 familles bénévoles accueillent les enfants pendant leur séjour en France. Elles permettent de réduire au minimum la malformation durée d'hospitalisation et assurent l'ensemble des frais liés à la vie quotidienne de l'enfant pendant son séjour en France. L'accueil dure de 6 à 8 semaines, selon l'état de l'enfant.
Pour la famille d'accueil, le séjour de l'enfant coûte en moyenne 500 €.
L'opération de l'enfant coûte près de 10 000 €. Elle est financée par les dons des particuliers, les partenariats d'entreprises et les opérations organisées par l'association.
Conditions pour accueillir un enfant malade :
- habiter près d'un centre de chirurgie cardiaque partenaire de l'association : en Ile-de-France, dans la région d'Angers, de Bordeaux, de Lyon, de Marseille, de Nantes, de Toulouse ou de Tours. Les familles d'Ile-de-France, de Lyon ou de Marseille sont particulièrement recherchées.
- être disponible 24h sur 24h pour l'enfant, qui doit être accompagné et soutenu pendant toute sa période d'hospitalisation et de convalescence.
Lors de l'accueil, la famille bénévole est en contact permanent avec l'association. Mécénat Chirurgie Cardiaque est le seul interlocuteur des parents de l'enfant malade, souvent via internet.
A la fin du séjour, l'enfant repart toujours avec un album photos. La famille d'accueil peut garder contact et prendre de ses nouvelles par l'intermédiaire de l'association.
www.mecenat-cardiaque.org
La Chaîne de l'Espoir
L'association aide les enfants gravement malades ou blessés qui ne peuvent pas être soignés dans leur pays.
www.chainedelespoir.org
C / Accueillir une personne handicapée
Le métier d'assistant familial thérapeutique (AFT)
Certaines familles choisissent d'accueillir des personnes souffrant de troubles mentaux. L'assistant familial thérapeutique est salarié d'un établissement psychiatrique. Il est choisi par le Conseil Général et l'établissement psychiatrique qui lui délivrent, après enquête, un agrément. L'établissement de soins examine notamment la motivation du candidat, sa situation familiale, sa formation, son expérience professionnelle, son type d'habitation, etc.
Une fois l'agrément obtenu, l'accueillant est suivi et contrôlé régulièrement par le service AFT de l'établissement psychiatrique qui doit assurer sa formation d'assistant thérapeutique. Il est encadré par une équipe composée de psychiatres, d'infirmières, d'éducateurs, d'assistantes sociales et de psychologues. Les professionnels déplorent l'absence de formation diplômante pour les assistants thérapeutiques, comme il en existe pour les assistants familiaux. Selon une enquête menée par l'Etablissement public de santé mentale de Lille-Métropole entre janvier et août 2009 dans 57 établissements, 60% des assistants thérapeutiques n'ont bénéficié d'aucune formation, initiale ou continue.
L'accueil du patient a souvent lieu après une longue période d'hospitalisation. Son placement en famille est un choix thérapeutique. Cela doit lui permettre de retrouver un équilibre et une autonomie pour pouvoir reprendre une vie normale. Les psychiatres s'assurent que le patient ne présente pas d'agressivité susceptible de mettre l'accueillant en difficulté. La famille peut accueillir 1 ou 2 malades. Les placements peuvent être intermittents (quelques jours par semaine), temporaires ou permanents. La rémunération des familles varie en fonction des établissements psychiatriques. Elle est en moyenne de 1200 € par mois par patient.
Aujourd'hui en France, les hôpitaux manquent de familles d'accueil. Environ 2000 patients sont accueillis. Mais 10% des patients actuellement hospitalisés pourraient être concernés. Un placement en famille est 2 fois moins onéreux qu'une hospitalisation complète.
L'accueil familial social (AFS) est une formule souple d'hébergement en famille d'accueil pour les personnes reconnues handicapées ou âgées de plus de 60 ans. L'accueillant familial est agréé par le Conseil Général. Il est ensuite suivi et contrôlé par des professionnels du secteur social et médico-social. L'accueillant perçoit un salaire, un loyer et un remboursement de frais. C'est la personne âgée ou handicapée qui rémunère directement son accueillant dans le cadre d'un contrat de droit privé. La rémunération est donc librement choisie, sur la base d'un montant minimal de 2,5 fois la valeur horaire du SMIC. Pour devenir famille d'accueil, il faut s'adresser à son département.
« Familledac »
L'association favorise le développement des accueils familiaux d'adultes handicapés et de personnes âgées. On trouve sur ce site les coordonnées des établissements psychiatriques disposant d'un service d'Accueil Familial Thérapeutique.
www.familledac.fr
Bibliographie
Famille d'accueil, famille de cœur, Kathy Harrison et Frédérique Fraisse, Archipel, 2011.
Guide de l'attachement en familles d'accueil et adoptives, la théorie en pratique, Gillian Schofield et Mary Beck, Masson, 2011.
Devenir famille d'accueil : guide pratique et juridique, Agathe Liagre, Puits Fleuri, 2008.
Guide de l'assistant familial, Anne Oui, Dunod, 2008.
Me feriez-vous une place ? Les enfants en familles d'accueil, mieux les comprendre pour mieux les accueillir, Marc Paquin, Hôpital Sainte-Justine, 2003.
2/ Don d'organe : une histoire d'amour
Selon l'Agence de la Biomédecine, chaque année en France, 14 400 personnes ont besoin d'une greffe d'organe. Chaque année, 250 personnes meurent faute d'avoir trouvé un donneur.
En 2010, 1476 personnes ont été prélevées. Parmi les 4705 greffes réalisées, 2889 étaient des greffes de rein.
En moyenne, 5% des greffes sont réalisées grâce à des donneurs vivants. L'activité de greffe rénale à partir de donneur vivant est passée de 223 greffes en 2009 à 281 en 2010, soit 58 greffes supplémentaires.
La prochaine journée nationale du don d'organes aura lieu le 22 juin 2011.
Créée dans le cadre des lois de bioéthique du 6 août 2004, l'Agence de la Biomédecine veille à ce que chaque malade reçoive les soins dont il a besoin, dans le respect des règles de sécurité sanitaire, d'éthique et d'équité. Elle gère la liste nationale des malades en attente de greffe.
www.agence-biomedecine.fr
1 avenue du Stade de France
93212 Saint-Denis La Plaine Cedex
Tel. : 01 55 93 65 50
Comment devient-on donneur ? Comment vit-on avec une greffe ? Rendez-vous sur les sites d'information de l'Agence de la biomédecine :
www.dondorganes.fr (site d'information général)
www.greffedevie.fr (site d'information jeunes)
FONDATION GREFFE DE VIE
Reconnue d'utilité publique, la Fondation Greffe de vie poursuit plusieurs objectifs : promouvoir le don d'organes, dynamiser les activités de prélèvement et de transplantation, améliorer la vie des malades et soutenir la recherche.
www.greffedevie.fr
66-68 rue du Théâtre
75015 Paris
Tel. : 01 45 78 50 80
FRANCE ADOT (Fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humains)
Cette fédération œuvre dans chaque département pour informer et sensibiliser à la cause du don d'organes, de tissus et de moëlle osseuse.
www.france-adot.org
373 rue de Périgueux
16000 Angoulême
Tél : 05 45 39 84 50
FNAIR (Fédération Nationale d'Aide aux Insuffisants Rénaux)
Cette fédération se bat pour améliorer les soins et la vie quotidienne des personnes atteintes d'insuffisance rénale, mais aussi pour encourager la recherche sur les maladies rénales.
www.fnair.asso.fr
21-23, rue Renan
69007 Lyon
Tel. : 04 72 30 12 31
Tournage
Nous avons filmé la greffe de rein de Delphine et Alain au CHU de Montpellier, dans le service du Professeur Georges Mourad.
Hôpital Lapeyronie
371, avenue du Doyen Gaston Giraud
34295 Montpellier Cedex 5
Tel. : 04 67 33 67 33
www.chu-montpellier.fr
Bibliographie
- Don et Transplantation d'Organes au Canada, aux Etats Unis et en France, Yvanie Caille, Michel Doucin, L'Harmattan, 2011.
- Une promenade de santé, histoire de notre greffe, d'Olga et Christian Baudelot, Stock, 2008.
- Mon coeur qui bat n'est pas le mien, d'Aline Feuvrier-Boulanger, Oh ! Editions, 2007.
- Vivre avec une greffe, accueillir l'autre, de Jean-Benjamin Stora, Odile Jacob, 2005.
Videos, séries et émissions sur M6.fr : L'émission de Zone interdite http://www.m6.fr/emission-zone_interdite/24-04-2011-familles_d_accueil_elever_et_aimer_les_enfants_des_autres-25154814.html#ixzz1eyHrbjl5
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