Ecole en bateau: le fondateur condamné à 12 ans de réclusion
Le fondateur de l'Ecole en bateau, Léonide Kameneff, a été condamné aujourd'hui à douze ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des mineurs de Paris, qui l'a reconnu coupable de viols et agressions sexuelles de cinq enfants dans les années 1980 et 1990.
Le parquet avait requis 10 à 12 ans de réclusion contre l'initiateur de ce projet pédagogique alternatif. Deux ex-équipiers ont été condamnés respectivement à six ans de prison et cinq ans avec sursis. Un troisième, ancien élève de l'école âgé de 17 ans au moment des faits, a été acquitté. Les quatre accusés étaient poursuivis pour viols et agressions sexuelles de neuf enfants entre 1981 et 1994
Léonide Kameneff, jugé pour viols et agressions sexuelles, est passé aux aveux vendredi matin, déstabilisé par un témoignage accablant.
«Je reconnais tout». Ces mots ont été prononcés par Léonide Kameneff, accusé, ainsi que trois ex-membres de l'association l'École en bateau, de viols et d'agressions sexuelles sur neuf anciens élèves des voiliers-école. Alors qu'il niait partiellement les faits depuis 18 ans, le principal accusé s'est retrouvé déstabilisé par le témoignage d'un des plaignants, devant la cour d'assises pour mineurs de Paris. Cette semaine, les dépositions des parties civiles ont décrit l'emprise psychologique de Kameneff et le climat sexualisé instauré sur les voiliers, où des relations sexuelles entre enfants et adultes auraient eu lieu au cours de ces voyages.
«Je prends tout en bloc»
La cour entendait donc vendredi le dernier témoin. Pendant deux heures, Fabien, 33 ans aujourd'hui, a décrit les abus sexuels dont il accuse Kameneff, de 1992 à 1995. «Les souvenirs de ces relations sexuelles sont tellement nombreux que vous comprendrez que c'est flou…». «Ça a commencé par des caresses progressives sur tout le corps» sous la douche, a-t-il expliqué, pour ensuite «provoquer des érections chez moi en me disant que c'était normal, que ça nous faisait plaisir». Évoquant son traumatisme, il a aussi décrit des masturbations, des fellations et une tentative de pénétration qui se produisaient pendant la nuit, dans les couchettes du bateau.
Et pour la première fois depuis l'ouverture du procès le 5 mars, Kameneff a reconnu l'intégralité des faits rapportés dans ce témoignage. «Je prends tout en bloc. Je ressens la très grande souffrance de Fabien, sa détresse et sa culpabilité et je voudrais l'en décharger, je reconnais tout ce qu'il a dit», a-t-il déclaré. L'avocat des parties civiles Me Eric Morain, l'a questionné sur cet aveu inattendu: «À quel moment avez-vous décidé de dire ce que vous venez de dire?». «Pendant son audition», a répondu Kameneff au sujet de cette ultime déposition.
Kameneff troublé?
Jusqu'ici très flou, Kameneff avait pris le soin de choisir ses aveux lors du procès: il a admis des caresses à caractère sexuel et des masturbations pour des faits prescrits, mais a nié les principaux abus pour lesquels il est poursuivi. Parlant de «jeu» sexuel, motivé par l'«affection», il avait rejeté en bloc la caractérisation de pédophilie: «Que j'ai eu des gestes répréhensibles, certainement, mais ce n'est pas de l'attirance pédophilique». Jouant sur les mots, Kameneff tentait de nuancer les accusations à son encontre. Au premier jour du procès, le président de la cour, Olivier Leurent, lui avait demandé: «Ne pensez-vous pas que des relations sexuelles entre adultes et enfants soient répréhensibles?». Léonide Kameneff avait répondu: «Ça dépend de ce que l'on appelle relation sexuelle, ça dépend comment c'est fait.» Il a admis, au cours du procès, «un sentiment de responsabilité vis-à-vis des ennuis qu'il a aujourd'hui», affirmant qu'il avait «le même sentiment vis-à-vis des plaignants».
Ancien instituteur et psychologue pour enfants, Léonide Kameneff a créé l'École en bateau en 1969. 400 enfants et adolescents, âgés de 9 à 17 ans, sont partis naviguer des années 1970 à 1990 dans le cadre de ce projet pédagogique alternatif, loin de leurs parents. Depuis le début de la procédure en 1994, une trentaine de plaintes ont été déposées, mais beaucoup de faits ont été prescrits. Dans ce procès qui se termine le 22 mars, Kameneff risque jusqu'à 20 ans de réclusion.
Le fondateur de l'Ecole en bateau admet un «jeu» sexuel
Léonide Kameneff, le principal accusé du procès de l'Ecole en bateau, a reconnu avoir eu des rapports à caractère sexuel avec un enfant mineur mais nie tout acte de pédophilie.
«Jamais je n'ai été cuisiné comme je l'ai été hier». C'est ainsi que Léonide Kameneff a justifié au président de la Cour d'assises de Paris sa prise conscience tardive de l'importance des faits qui lui sont reprochés. Poussé dans ses retranchements par le magistrat, le fondateur de l'École en bateau,a reconnu pour la première fois avoir eu des rapports à caractère sexuel, constitués de masturbations réciproques, avec un enfant de douze ans en 1964 et 1965. Kameneff, ancien instituteur et psychologue pour enfants, qui a créé ce projet pédagogique alternatif en 1969, est accusé, ainsi que trois ex-membres de l'association, de viols et d'agressions sexuelles, par neuf anciens élèves des voiliers-école.
«Sentiment de responsabilité»
Mardi, Kameneff a admis avoir eu «une relation d'intimité physique», notamment avec Bernard Poggi, 59 ans aujourd'hui, qui a participé en tant qu'enfant, puis en tant qu'animateur, aux voyages de l'École en bateau. Ce dernier a un statut inédit dans ce procès, puisqu'il est aussi accusé d'abus sexuels sur quatre plaignants, lorsqu'à son tour il encadrait les enfants.
Kameneff a assuré mercredi ressentir «un sentiment de responsabilité vis à vis des ennuis qu'il a aujourd'hui et j'ai le même sentiment vis à vis des plaignants». «Le flou que j'ai laissé s'installer dans les relations à bord a permis les débordements pour lesquels nous sommes là et donc les souffrances des plaignants», a-t-il poursuivi.
Mais l'accusé récuse tout acte de pédophilie, expliquant que «le pédophile se fiche de l'enfant, l'enfant n'a aucune importance pour lui». «Alors si ce n'est pas de l'attirance pédophilique, c'est quoi?», a demandé le président, Olivier Leurent. «C'est du jeu, c'est de l'affection», s'est défendu Kameneff. «Que j'ai eu des gestes répréhensibles, certainement, mais ce n'est pas de l'attirance pédophilique». Dans son discours, l'accusé a régulièrement employé les termes «affection», «jeu», «sensualité». Jouant sur les mots, Kameneff a tenté de nuancer les accusations à son encontre. Au sujet des massages, il a ainsi expliqué que «des caresses peuvent provoquer une érection, on se tripote un peu et on rigole», en estimant que «cela ne s'est pas passé 500 fois, c'était exceptionnel».
«Absence de limites»
Par ses déclarations tout au long de l'audience mardi, Kameneff a restitué le climat sexualisé qui régnait à bord. «J'étais peut-être de l'autre côté de la ligne sans me rendre compte», au cours de voyages à travers le monde où il emmenait des mineurs naviguer, parfois pendant plusieurs années. Parlant dans un premier temps de son histoire, et des motivations qu'ils l'ont poussé à fonder son projet de voiliers-écoles, la question de la nudité, des massages collectifs, et de la sexualité à bord des navires, a ensuite été abordée par le président de la cour. A la question: «Si l'on vous demande si vous éprouvez une attirance physique pour les enfants?», il a répondu: «Je crois que je serais menteur si je donnais une réponse franche à cette question. Entre parents et enfants, il peut y avoir une attirance, c'est une limite difficile à fixer», avant de poursuivre «si on a des sentiments de tendresse et d'affection réciproque pour d'autres, ça peut aller un peu plus loin (...), pour moi c'était de l'affection». «La journée d'hier m'a fait mieux comprendre que j'aurais dû mettre des limites et que cette absence de limites conduit au procès d'aujourd'hui», a-t-il expliqué au président de la Cour d'assises qui a promis de «continuer à le cuisiner».
400 enfants sont partis, des années 70 aux années 90, à bord de ces voiliers-écoles. Depuis le début de la procédure en 1994, une trentaine de plaintes ont été déposées, mais beaucoup de faits ont été prescrits. Kameneff, qui risque jusqu'à 20 ans de réclusion, sera fixé sur son sort le 22 mars.
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