Exercez vos droits
Exercez vos droits
Le droit européen concède des droits et impose des
obligations non seulement aux États membres, mais aussi aux citoyens et aux
entreprises auxquels un nombre de règles s’appliquent directement. Il fait
partie intégrante du système juridique des États membres qui sont avant tout
responsables de la mise en œuvre de ces règles et de leur application correcte.
Vous êtes donc en droit d’attendre des autorités nationales sur l’ensemble du
territoire de l’Union européenne qu’elles appliquent correctement vos droits
européens.
Toute personne peut mettre en cause un État membre en
déposant une plainte auprès de la Commission européenne pour dénoncer une
mesure (législative, réglementaire ou administrative) ou une pratique imputable
à un État membre qu'elle estime contraire à une disposition ou à un principe de
droit de l'Union. Vous n'avez pas à démontrer l'existence d'un intérêt à agir;
vous n'avez pas non plus à prouver que vous êtes principalement et directement
concerné par l'infraction que vous dénoncez. Cependant, pour qu'une plainte
soit jugée recevable, il faut qu'elle dénonce une violation du droit de l'Union
par un État membre; elle ne peut donc pas concerner un litige privé.
1. Dépôt d'une plainte
2. Traitement de la plainte
3. Voies de recours nationales
4. Garanties administratives
5. Protection du plaignant et des données à caractère
personnel
6. Recours au médiateur européen
1. Dépôt d'une plainte
Les plaintes doivent être soumises par écrit sous forme de
lettre, de télécopie ou de courriel.
Il est très important que le dossier de plainte soit complet
et précis, en particulier en ce qui concerne les faits reprochés à l’État
membre en cause, les démarches que vous avez déjà entreprises, à quelque niveau
que ce soit, et, dans la mesure du possible, les dispositions du droit de
l'Union que vous considérez comme enfreintes et l’existence d’un éventuel
financement de l'Union. La démarche écrite dénonçant des mesures ou pratiques
contraires au droit de l'Union dans les États membres est examinée dans le
délai d'un mois au regard de sa qualification en tant que plainte.
Toute correspondance adressée au Secrétariat général de la
Commission européenne fait l'objet d'un premier accusé de réception dans les
quinze jours ouvrables suivant sa réception selon les règles du code de bonne
conduite administrative. En cas de doute sur la nature d’une correspondance, le
Secrétariat général de la Commission européenne consulte le ou les services
concernés dans les quinze jours calendrier de sa réception.
Toutes les correspondances susceptibles de faire l'objet
d'une instruction comme plainte sont enregistrées dans une base de données
gerée par le Secrétariat général de la Commission européenne.
L'examen de toute correspondance et/ou plainte quant au fond
incombe aux directions générales et services de la Commission européenne.
En cas de plaintes nombreuses sur un même grief, les
plaintes seront enregistrées par la Commission européenne sous un numéro
unique.
2. Traitement de la plainte
Le traitement d’une affaire dans le cadre de la procédure
d’infraction peut suivre les phases suivantes :
2.1. Phase de recherche
À la suite de votre plainte, il peut s’avérer nécessaire de
rechercher des informations supplémentaires pour déterminer les faits et les
points de droit concernant votre dossier.
Au cas où la Commission européenne prendrait contact avec
les autorités de l’État membre contre lequel votre plainte est dirigée, elle ne
divulguera votre identité que si vous l'y avez autorisée expressément.
S'il y a lieu, vous serez invité à fournir d'autres
informations.
À la suite de l’examen des faits et à la lumière des règles
et des priorités établies par la Commission européenne pour l’engagement et la
poursuite des procédures d’infraction, les services de la Commission européenne
apprécieront si une suite doit être donnée ou non à votre plainte.
2.2. Ouverture de la procédure d’infraction: contacts
formels entre la Commission européenne et l’État membre en cause
Si la Commission européenne considère qu'il peut y avoir une
violation du droit de l'Union justifiant l’ouverture d’une procédure
d’infraction, elle adresse à l'État membre concerné une lettre dite de «mise en
demeure», l'invitant à présenter ses observations dans un délai déterminé.
L'État membre mis en cause doit prendre position au regard
des éléments de fait et de droit sur lesquels la Commission européenne fonde sa
décision d’ouvrir la procédure d'infraction.
Sur la base de la réponse de l’État mis en cause ou en
l'absence d'une réponse, la Commission européenne peut décider de lui envoyer
«un avis motivé», où elle expose clairement et à titre définitif les raisons
pour lesquelles elle estime qu’il y a violation du droit de l'Union et par
lequel elle enjoint à l’État membre de se conformer au droit de l'Union dans un
délai prescrit (normalement deux mois).
Le but de ces contacts formels est de déterminer s'il y a
vraiment une violation du droit de l'Union et d’essayer, lorsqu’il y a une
infraction, d’y remédier à ce stade sans avoir besoin de recourir à la Cour de
justice.
Compte tenu de la réponse, la Commission européenne peut
aussi décider de ne pas poursuivre la procédure d’infraction, par exemple quand
l’État membre s’engage de façon crédible à modifier sa législation ou la
pratique de son administration. La plupart des cas peuvent être résolus ainsi.
2.3. Saisine de la Cour de justice
Si l'État membre mis en cause ne s’est pas conformé à l'avis
motivé, la Commission européenne peut décider de saisir la Cour de justice.
En moyenne, un délai de deux ans s’écoule avant que la Cour
de justice ne se prononce sur l’action en justice.
Les arrêts de la Cour de justice sont différents de ceux des
tribunaux nationaux.
À l'issue de la procédure, la Cour de justice prononce en
effet un arrêt qui constate (ou non) l'infraction.
La Cour de justice ne peut pas prononcer l'annulation d'une
disposition nationale non conforme au droit de l'Union, ni forcer une
administration nationale à répondre à la demande d’un particulier, ni condamner
l'État membre à payer des dommages-intérêts à un particulier lésé par une
violation du droit de l'Union.
Il appartient à l'État membre condamné par la Cour de
justice de prendre les mesures nécessaires pour se conformer à l'arrêt,
notamment en vue de résoudre le litige qui est à l'origine de la procédure.
Si l'État membre ne s’y conforme pas, la Commission
européenne peut à nouveau saisir la Cour de justice et demander à celle-ci
d’infliger à l’État membre une astreinte jusqu’à ce que celui-ci ait mis fin à
l’infraction et/ou une somme forfaitaire.
3. Voies de recours nationales
Les instances administratives ou juridictionnelles
nationales sont chargées en premier lieu d'assurer le respect du droit de
l'Union par les autorités des États membres.
Toute personne estimant qu'une mesure (législative,
réglementaire ou administrative) ou pratique administrative est contraire au
droit de l'Union est donc invitée, préalablement ou parallèlement au dépôt
d'une plainte auprès de la Commission européenne, à s'adresser aux instances
administratives ou juridictionnelles nationales (y compris le médiateur
national ou régional) et/ou avoir recours aux procédures d'arbitrage et de
conciliation disponibles.
La Commission européenne vous conseille d'utiliser également
les voies de recours administratives, juridictionnelles ou autres, existant en
droit national, étant donné les avantages que cela peut comporter pour vous.
En faisant appel aux voies de recours disponibles sur le
plan national, vous devriez en effet pouvoir faire valoir, en général, votre
droit de façon plus directe et personnalisée qu'à la suite d'une procédure
d'infraction engagée avec succès par la Commission européenne, qui peut parfois
prendre un certain temps avant d’aboutir.
En effet, seuls les juges nationaux ont le pouvoir d’adresser
des injonctions à l’administration et d’annuler une décision nationale.
Ce sont également les seuls juges nationaux qui peuvent, le
cas échéant, condamner l'État membre en cause à réparer les dommages causés aux
particuliers du fait de la violation du droit communautaire qui lui est
imputable.
4. Garanties administratives
Les garanties administratives suivantes sont prévues en
votre faveur.
a) Après enregistrement au Secrétariat général de la
Commission européenne, votre plainte fait l’objet de l’attribution d’un numéro
officiel, indiqué dans l'accusé de réception, et qu’il sera utile de mentionner
dans toute correspondance.
L’attribution de ce numéro officiel n’implique pas
nécessairement qu’une procédure d’infraction soit engagée contre l’État membre
en cause.
b) Dans la mesure où les services de la Commission
européenne seront amenés à intervenir auprès des autorités de l'État membre contre
lequel la plainte est dirigée, ils le feront en respectant votre choix quant à
la confidentialité de votre identité. Tant que vous n’avez pas fait connaître
votre choix, les services de la Commission européenne présumeront que vous avez
opté pour un traitement confidentiel.
c) La Commission européenne s’efforce de prendre une
décision sur le fond du dossier (ouverture d'une procédure d'infraction ou
classement sans suite du dossier de plainte) dans les douze mois à compter de
la date de l'enregistrement de la plainte à son Secrétariat général.
d) En cas de dépassement de ce délai, le service de la
Commission responsable du dossier d’infraction vous en informe par écrit, à
votre demande [nous attirons votre attention sur le fait que les versions anglaise
et suédoise du point 8 de la communication de la Commission concernant les
relations avec le plaignant en matière d'infraction au droit communautaire
divergent par erreur des autres versions linguistiques qui indiquent que cette
information se fait à la demande du plaignant]. Vous êtes informé
préalablement, par le service responsable, lorsque ce service envisage de
proposer à la Commission européenne de décider le classement sans suite du
dossier. En outre, les services de la Commission européenne vous tiendront
informé du déroulement de l’éventuelle procédure d'infraction.
5. Protection du plaignant et des données à caractère
personnel
La communication à l'État membre de l'identité du plaignant
ainsi que des données transmises par celui-ci est soumise à son accord
préalable dans le respect, notamment, du règlement (CE) n° 45/2001 du Parlement
européen et du Conseil du 18 décembre 2000 relatif à la protection des
personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel
par les institutions et organes communautaires et à la libre circulation de ces
données, et du règlement (CE) n° 1049/2001 du Parlement européen et du Conseil
du 30 mai 2001 relatif à l'accès du public aux documents du Parlement européen,
du Conseil de l'Union européenne et de la Commission européenne.
6. Recours au médiateur européen
Si un plaignant estime que, à l'occasion du traitement de sa
plainte, il y a eu mauvaise administration de la part de la Commission
européenne du fait que celle-ci a méconnu l'une des présentes mesures, il peut
exercer le droit de recours au médiateur européen dans les conditions prévues
aux articles 24 et 228 TFUE.
Pour une description complète des procédures et délais
applicables, vous êtes invité à consulter la communication de la Commission au
Parlement européen et au médiateur européen concernant les relations avec le
plaignant en matière d'infraction au droit communautaire [COM(2002) 141 final]
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