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Génération perdue l'hechque de l'aide sociale à l'enfance

 

 

L’aide sociale à l’enfance (ASE) peine à réinsérer ses jeunes adultes. Un constat et un chiffre : en 2000, près d’un tiers des jeunes errants en étaient issus. Dix ans après, rien ne semble avoir changé. L’institution, confrontée à des situations souvent difficiles (jeunes en rupture familiale totale, parents atteints de troubles psychiatriques…), offre-t-elle des solutions pertinentes et adaptées ?

"L’Aide sociale à l’enfance a mauvaise réputation". Cette constatation, c’est Michèle Creoff, directrice de l’enfance au conseil Général du Val de Marne, qui l’établit. Evidemment elle le regrette, notamment parce qu’elle estime que les jeunes, pour cette raison sont placés "trop tardivement". Et alors ? Et alors, "plus l’enfant arrive tard, moins les bases sont stables, plus il est difficile de les récupérer. Un enfant qui a vécu 14 ans avec une mère schizophrène avant d’arriver à l’ASE, c’est un problème". Mme Creoff sait de quoi elle parle, cela fait vingt cinq ans qu’elle travaille dans le milieu.

En 2000, l’Institut national des études démographiques (INED) relevait ce chiffre éloquent : plus d’un tiers des jeunes errants sont passés par l’ASE. Aujourd’hui la situation générale n’a semble t-il pas évolué. Et pour certains, l’élément de réponse apportée par la directrice de l’enfance pour expliquer la difficulté de l’ASE à intégrer ses jeunes dans la vie active, et dans la vie tout court, n’est pas suffisant.

C’est le cas de Sylvie Decker, chef de service d’un centre éducatif à caractère social pendant plus de 20 ans. Selon elle, ce chiffre traduit avant tout "l’échec de l’institution à réinsérer ses jeunes adultes". A cela, elle oppose deux raisons principales : "une formation inadaptée des éducateurs chargés de s’occuper des jeunes et un programme de réinsertion qui ne colle pas toujours avec les attentes de ceux qui ont été placés".

Mme Decker évoque enfin un budget resserré qui ne permet pas de reconduire certains contrats jeunes majeurs, argument réfuté par Mme Creoff qui avance que l’argent investi n’a cessé d’augmenter ces dernières années.

"J’ai fait beaucoup d’efforts (…) Pourquoi ? Pour rien."
Des causes profondes que semble relayer Sabrina, 18 ans, mise à la porte pour ne pas s’être entendue avec son éducateur. "J’ai demandé plusieurs fois à changer d’éducatrice mais je n’ai jamais été entendue. On m’a demandé de faire des efforts, j’en ai fait… beaucoup. J’ai fait beaucoup de démarches aussi. Pourquoi ? Pour rien. Ils n’ont pas voulu reconduire mon contrat jeune majeur", déplore la jeune fille.

Le contrat jeune majeur est défini par l’article L.221-1 et permet "d'apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique (...) aux majeurs âgés de moins de 21 ans confrontés à des difficultés sociales susceptibles de compromettre gravement leur équilibre" ou "qui éprouvent des difficultés d'insertion sociale, faute de ressources ou d'un soutien familial suffisant". Voilà pour le projet.

Dans les faits, c’est autre chose et obtenir un contrat ne va pas de soi, Sabrina le prouve. La jeune majeure, justement, enfonce le clou : "j’ai des copines pour qui c’est pareil. Aujourd’hui ils m’ont vraiment mis dans une galère… une galère qu’ils n’imaginent même pas". Elle ne serait donc pas un cas isolé. Sylvie Decker confirme : "j'en ai vu plusieurs dans la situation de Sabrina, mais là, c'est encore plus difficile parce que la rupture avec la famille est totale."

Lorsqu'on interroge Michèle Creoff sur le sujet, elle insiste sur le fait que tout est toujours mis en œuvre pour aider les jeunes. Mais que certains refusent les mains qui leur sont tendues, et mettent en échec toutes les propositions. Il suffit pourtant de passer un peu de temps avec Sabrina pour s’apercevoir que l’on n’a pas affaire à une terreur.

L’ASE souffre assurément d’une mauvaise réputation, pas toujours fondée, et empêche ainsi le placement de certains enfants qui mériteraient de l’être plus tôt. Mais des problèmes semblent exister au sein même de l’institution. Les questions de la formation des éducateurs, des programmes de réinsertion et des conditions d’accessions au contrat jeunes majeurs se posent réellement. A cela, Michèle Creoff ajoute un autre problème. Ainsi, lorsque elle explique le chiffre de l’INED, la directrice regrette qu’il n’y ait pas de politique publique visant à aider les jeunes entre 21 ans, âge jusqu’auquel l’ASE en a théoriquement la charge, et 25 ans, âge à partir duquel quiconque peut prétendre au RSA. Une complication, une autre.

L’aide sociale à l’enfance (ASE) peine à réinsérer ses jeunes adultes. Un constat et un chiffre : en 2000, près d’un tiers des jeunes errants en étaient issus. Dix ans après, rien ne semble avoir changé. L’institution, confrontée à des situations souvent difficiles (jeunes en rupture familiale totale, parents atteints de troubles psychiatriques…), offre-t-elle des solutions pertinentes et adaptées ?

"L’Aide sociale à l’enfance a mauvaise réputation". Cette constatation, c’est Michèle Creoff, directrice de l’enfance au conseil Général du Val de Marne, qui l’établit. Evidemment elle le regrette, notamment parce qu’elle estime que les jeunes, pour cette raison sont placés "trop tardivement". Et alors ? Et alors, "plus l’enfant arrive tard, moins les bases sont stables, plus il est difficile de les récupérer. Un enfant qui a vécu 14 ans avec une mère schizophrène avant d’arriver à l’ASE, c’est un problème". Mme Creoff sait de quoi elle parle, cela fait vingt cinq ans qu’elle travaille dans le milieu.

En 2000, l’Institut national des études démographiques (INED) relevait ce chiffre éloquent : plus d’un tiers des jeunes errants sont passés par l’ASE. Aujourd’hui la situation générale n’a semble t-il pas évolué. Et pour certains, l’élément de réponse apportée par la directrice de l’enfance pour expliquer la difficulté de l’ASE à intégrer ses jeunes dans la vie active, et dans la vie tout court, n’est pas suffisant.

C’est le cas de Sylvie Decker, chef de service d’un centre éducatif à caractère social pendant plus de 20 ans. Selon elle, ce chiffre traduit avant tout "l’échec de l’institution à réinsérer ses jeunes adultes". A cela, elle oppose deux raisons principales : "une formation inadaptée des éducateurs chargés de s’occuper des jeunes et un programme de réinsertion qui ne colle pas toujours avec les attentes de ceux qui ont été placés".

Mme Decker évoque enfin un budget resserré qui ne permet pas de reconduire certains contrats jeunes majeurs, argument réfuté par Mme Creoff qui avance que l’argent investi n’a cessé d’augmenter ces dernières années.

"J’ai fait beaucoup d’efforts (…) Pourquoi ? Pour rien."
Des causes profondes que semble relayer Sabrina, 18 ans, mise à la porte pour ne pas s’être entendue avec son éducateur. "J’ai demandé plusieurs fois à changer d’éducatrice mais je n’ai jamais été entendue. On m’a demandé de faire des efforts, j’en ai fait… beaucoup. J’ai fait beaucoup de démarches aussi. Pourquoi ? Pour rien. Ils n’ont pas voulu reconduire mon contrat jeune majeur", déplore la jeune fille.

Le contrat jeune majeur est défini par l’article L.221-1 et permet "d'apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique (...) aux majeurs âgés de moins de 21 ans confrontés à des difficultés sociales susceptibles de compromettre gravement leur équilibre" ou "qui éprouvent des difficultés d'insertion sociale, faute de ressources ou d'un soutien familial suffisant". Voilà pour le projet.

Dans les faits, c’est autre chose et obtenir un contrat ne va pas de soi, Sabrina le prouve. La jeune majeure, justement, enfonce le clou : "j’ai des copines pour qui c’est pareil. Aujourd’hui ils m’ont vraiment mis dans une galère… une galère qu’ils n’imaginent même pas". Elle ne serait donc pas un cas isolé. Sylvie Decker confirme : "j'en ai vu plusieurs dans la situation de Sabrina, mais là, c'est encore plus difficile parce que la rupture avec la famille est totale."

Lorsqu'on interroge Michèle Creoff sur le sujet, elle insiste sur le fait que tout est toujours mis en œuvre pour aider les jeunes. Mais que certains refusent les mains qui leur sont tendues, et mettent en échec toutes les propositions. Il suffit pourtant de passer un peu de temps avec Sabrina pour s’apercevoir que l’on n’a pas affaire à une terreur.

L’ASE souffre assurément d’une mauvaise réputation, pas toujours fondée, et empêche ainsi le placement de certains enfants qui mériteraient de l’être plus tôt. Mais des problèmes semblent exister au sein même de l’institution. Les questions de la formation des éducateurs, des programmes de réinsertion et des conditions d’accessions au contrat jeunes majeurs se posent réellement. A cela, Michèle Creoff ajoute un autre problème. Ainsi, lorsque elle explique le chiffre de l’INED, la directrice regrette qu’il n’y ait pas de politique publique visant à aider les jeunes entre 21 ans, âge jusqu’auquel l’ASE en a théoriquement la charge, et 25 ans, âge à partir duquel quiconque peut prétendre au RSA. Une complication, une autre.

http://www.fluctuat.net/7136-L-echec-de-l-Aide-sociale-a-l-enfance



22/06/2011
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