INFO Justice Son bébé est mort sous les coups : le père témoigne
par Laure Moysset ( L’Indépendant.fr)
Alan Hervé lutte de toutes ses forces contre les larmes. Un combat inégal, injuste et bouleversant. Car on ne console jamais un père qui pleure. Parce qu’il n’y a rien à dire quand son petit garçon de 2 ans et demi, sa "raison de vivre", son "oxygène", a succombé à la violence des coups qui lui ont été infligés. Il suffit d’écouter "la vérité" intolérable de cet homme qui veut juste prévenir que "ça peut arriver à n’importe qui". Pour qu’un jour, quelqu’un puisse entendre la détresse d’un enfant. Avant le pire. "Je n’aurais jamais pensé que ça m’arriverait. Je devais récupérer la garde de mon fils Nolhan. Sa mère m’a appelé en mai pour m’expliquer qu’elle changeait d’activité professionnelle. Je devais prétendre selon elle que j’avais refait une demande de garde et elle me le laisserait en fin d’année. Je lui ai dit que ce serait mieux qu’il fasse la rentrée scolaire chez moi. Elle m’a rappelé le 1er juin pour que je le prenne finalement avant l’été parce qu’elle avait des formations. On s’est calé sur le 23 juin. J’ai pris la route depuis Dax. En chemin, j’ai téléphoné, je suis tombé sur son compagnon qui m’a hurlé que je m’étais trompé de week-end et que je n’étais pas à une semaine près pour récupérer mon fils". Et pourtant…
"Je lui chantais des chansons sachant que c’était fini" Le papa repart seul. Quelques jours plus tard, le téléphone sonne. "Elle me dit que le petit est tombé du lit, qu’il a été transféré de l’hôpital de Perpignan à Montpellier, que c’est extrêmement grave". Alan Hervé part dans la minute. Mais le petit est dans le coma. "Branché de partout", "un bandage tout autour du crâne" et peu d’espoir. "Sa mère m’a raconté à nouveau l’accident. Mais j’ai eu des doutes tout de suite. Il avait des bleus sur tout le corps. Son compagnon a voulu me parler. Je l’ai envoyé balader. Pour moi, il était déjà responsable parce qu’il m’avait empêché de le prendre avec moi. Il a trouvé le moyen de me dire qu’il aimait mon fils autant que moi". Pendant quatre jours et quatre nuits, le père reste au chevet de son fils. "Je lui parlais, je lui chantais des chansons , j’essayais de lui donner du courage , tout en sachant que c’était fini". Et très vite, trop vite, arrive la terrible décision à prendre. "Les médecins m’ont demandé de sortir de la chambre et ils m’ont dit que Nolhan était en mort cérébrale. J’ai appelé la mère de mon fils pour lui dire de revenir. En fin de matinée, on l’a fait baptiser. Mon fils est décédé le 28 juin, à 13 h 10, au CHU de Montpellier". Alors, les choses s’accélèrent. Et l’horreur s’ajoute à l’insupportable. Le petit corps est transféré pour autopsie. Il a subi des actes de violences graves. Par qui ? Pourquoi ? La mère et le compagnon sont interpellés et placés en garde à vue (lire ci-dessous). Alan Hervé ramènera finalement son enfant à Dax… pour l’enterrer. "Il semble que mon fils était régulièrement passé à tabac. Lui, continue de nier. Elle est libre de ses mouvements. Pour moi, c’est inadmissible, ils sont responsables autant l’un que l’autre. Même si des choses sont inexpliquées et le resteront sans doute toujours". "La nounou l’avait signalé" "La nounou de mon fils avait remarqué des problèmes et avait entamé des démarches. Elle voulait me contacter, parce que tous les jours, le petit faisait semblant de m’appeler, mais la mère refusait de lui donner mon numéro. La nounou a même pris des photos et elle a fait un signalement à sa supérieure. Le 13 juin une procédure a été lancée. Mais il était trop tard… En avril aussi j’avais pris Nolhan pour les vacances, il avait un bleu sur le visage. Sa mère m’a dit qu’il était tombé chez la nounou. C’était faux. Mais comment ne pas la croire ? Et puis, le jour de la fête des pères, le 17 juin, j’ai reçu un SMS que sa mère avait écrit. J’ai appelé mon fils le lendemain soir, on a été coupé au bout de 40 secondes. Il pleurait et me disait ‘Papa, viens chercher moi’. J’ai essayé de rappeler toute la soirée. Je n’ai eu sa mère que trois jours après. Je l’ai questionnée, elle m’a expliqué qu’il avait juste envie de me voir. En fait, la dernière fois que je lui ai parlé, il m’appelait au secours. Mon combat, c’était de récupérer mon fils, c’est tout. J’avais tout prévu pour ça. La bouteille de champagne est encore au frais. Et pour ses 3 ans, j’ai été souhaiter bon anniversaire à mon fils sur sa tombe".
L’affaire Libre, la mère de l’enfant accuse son compagne qui, en prison, se dit innoncent Selon les premiers éléments, le petit garçon aurait été découvert le 25 juin au matin par le compagnon de sa mère. Il l’aurait conduit aussitôt à l’hôpital, mais l’état de l’enfant semblait déjà irréversible. Il a succombé à une fracture du crâne et plusieurs hématomes d’anciennetés différentes ont été relevés sur tout son corps, Quelques jours plus tard, la mère, employée dans une boutique, et son compagnon, chef d’entreprise, tous eux âgés de 25 ans, ont alors été placés en garde à vue. Lui a été mis en examen pour ‘ violences répétées ayant entraîné la mort ‘, puis placé en détention provisoire où il se trouve actuellement. Elle est poursuivie pour ‘non-assistance à personne en danger et non dénonciation de crime ‘. Elle a été laissée libre, sous contrôle judiciaire. Ils nient tous deux les faits. "Il est innocent, clame Me Maurice Halimi, l’avocat du compagnon. Et ils sont deux mis en examen. Elle n’a cessé de mentir au point de formuler, à sa cinquième déposition, des accusations extrêmement graves contre lui. Contrairement à ce qu’elle dit, elle n’a jamais engagé de procédure officielle pour rétrocéder la garde de son fils au père. Mon client conteste s’être opposé à cela et il n’en avait aucun droit. L’enfant devait être restitué début juillet. Mais, cela ne change rien à l’affaire. Selon mon client, il est allé sur un chantier à 6 h ce jour-là, la laissant avec l’enfant. Elle est partie dans un club de sport et affirmerait que l’enfant allait bien. Lui affirme qu’il est rentré à 9 h 15 et a découvert le drame. C’est le mystère le plus absolu. Ils se sont mis ensemble fin janvier. Ils se sont installés chez lui début février. Il n’y a eu aucun problème jusqu’au 18 juin environ. A partir de là, on ne sait pas. Qu’est-ce qui a bien pu se passer jusqu’au 25 juin ?". Alan Hervé, représenté par le bâtonnier Me Pech de Laclause s’est constitué immédiatement partie civile. "J’irai jusqu’au bout et plus loin encore", affirme-t-il, ne disposant pour l’heure d’aucune réponse à ses multiples interrogations. Des investigations sont encore en cours, de mêmes que des expertises, pour faire la lumière sur ce drame. Malgré nos tentatives pour la joindre, Me Anegas, l’avocate qui a assisté la mère de l’enfant lors de son interpellation, demeurait hier injoignable. Rappelons que toute personne, tant qu’elle n’a pas été condamnée par un tribunal, est considérée comme innocente.
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