Jon Venables n’a pas profité longtemps de sa remise en liberté. Il a semble-t-il rompu les modalités de sa liberté conditionnelle. Et des images sombres refont surface. Sur des bandes vidéos en noir et blanc, Jon Venables, alors âgé de 10 ans, accompagné de Robert Thompson, son complice du même âge, tient par la main un jeune garçon de deux ans, James Bulger, dans un centre commercial, près de Liverpool. Profitant d’un moment d’inattention de la mère, les deux amis emmènent l'enfant dans une ballade de trois kilomètres. Trente-huit témoins vont croiser la route de l'enfant, terrorisé, battu et blessé. Aucun n’intervient.
C’est près d’une voie ferrée que Jon Venables et Robert Thompson frappent l’enfant à mort, à l'aide d’une barre de fer. Ils abandonnent le corps le long des rails où deux autres enfants découvrent, deux jours plus tard, le corps sans vie de James Bulger. L’Angleterre se réveille sous le choc et assiste à l’arrestation des deux meurtriers, le 18 février 1993.
Libérés sous la protection de la justice
Commence alors un difficile travail pour la justice anglaise. Punir, mais aussi protéger ces "enfants tueurs" haïs par tout un peuple et menacés de mort. Libérés en 2001, ils bénéficient d’une nouvelle identité. La police, elle, muselle les tabloïds anglais et bloque toute information. Au milieu des rumeurs -mort de Jon, homosexualité de Robert-, leur nouvelle identité reste tant bien que mal préservée. L'Angleterre tente d’oublier, et le gouvernement se félicite même des progrès opérés par les deux garçons. Jon a ainsi passé l’équivalent du bac et a, selon les psychiatres, pris conscience de l’horreur de son geste.
Sa seconde arrestation est donc pour le moins embarrassante. Affaires de drogue, bagarre, les rumeurs des tabloïds anglais vont bon train et son ancien avocat, Laurence Lee, s’interroge: "Je me demande juste s’il a été rappelé en prison pour une violation minime de ses conditions de libération." Et la justice reste fidèle au secret dont bénéficie "l’enfant tueur", refusant toujours de dire pourquoi celui-ci a été renvoyé derrière les barreaux. Le ministre de la Justice, Jack Straw a confirméqu’il était "dans l’intérêt de tous que les raisons de cette arrestation ne soient pas dévoilées."
"Tous les détenus de Grande Bretagne doivent le guetter"
Les interrogations sont donc extrêmement fortes concernant le cas Jon Venables. Les autorités sont attendues au tournant. Laurence Lee a ainsi qualifié son ancien client de "patate chaude" la justice et s’interroge sur son sort à venir: "Tous les détenus de Grande Bretagne doivent guetter le nouvel arrivant de 27 ans et vont faire le rapprochement, sa nouvelle identité est grillée."
Les parents de James Bulger, aujourd’hui séparés, se sont pour leur part contentés de brèves déclarations. Ralph, son père, espère juste qu’il "n’a pas tué un autre enfant". Denise, la mère, a afirmé sur Twitter que Jon Venables était "là où il devait être, derrière les barreaux". "L’enfant-tueur", désormais presque trentenaire, comparaîtra dans quelques semaines devant une commission chargée de décider de la suite de sa vie.
* Selon le plaisir de Sa Majesté, en l'occurrence, la reine d'Angleterre.