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Le psy, descendant de Saint-Exupéry, jugé en appel

 

 

Le psy, descendant de Saint-Exupéry, jugé en appel.

Un psychanalyste charlatan ou hérétique ?
Yves de Francqueville, était jugé en appel pour abus de faiblesse, corruption de mineur et usurpation de titre.

La scène est surréaliste. Dans une salle de la cour d’appel vide de public, jeudi dernier, à la nuit tombée, pendant quatre heures, il est question de psychanalyse. De Freud et Lacan. Mais aussi de sexologie, de soins et de manipulation mentale.
Sur le banc des prévenus : Yves-Philippe de Francqueville. Yeux clairs, costume impeccable, cheveu sur la langue, ce quadragénaire, sur la liste des Verts aux dernières municipales de Montpellier, est sur le gril.

En cause : le cabinet de psychanalyse qu’il a ouvert en ville et qui lui vaut des plaintes pour abus de faiblesse et corruption de mineur. Il a été relaxé en première instance pour ces faits. Mais condamné pour usurpation de titre. Parce que, sur des lettres ou des mails, il s’est prévalu du titre d’« Enquêteur expert pour la chambre des familles du tribunal ». Ce qu’il n’est pas. De Francqueville rechigne à reconnaître son tort sur ce point-là. Parle d’une « erreur » et d’un avocat qui lui aurait conseillé « d’ajouter ça ».

Pour la corruption de mineurs – il a demandé à un jeune garçon de lui montrer son sexe – il explique qu’il ne s’agissait que d’aborder la problématique de la circoncision avec lui. Mais les débats se sont essentiellement portés sur les plaintes d’anciens clients voulant se faire rembourser de quelques centaines ou milliers d’euros.Alors qu’il se dit psychanalyste, une profession pour l’heure peu encadrée.

« Monsieur, vous êtes rattaché à quelle école ? », interroge le conseiller de la cour.
« Je n’ai pas de rattachement direct, mais j’ai fait dix ans de psychanalyse dialectique », se défend le neveu de Gilles de Robien et descendant de Saint-Exupéry.

Surtout, celui qui se déclare conseiller en psychologie et en relation de couple, sans avoir de formation particulière, défend aussi son concept de « philanalyse », ce qui lui vaut d’être surveillé par les RG chargés des sectes.
« La philanalyse, c’est que l’être soit en accord avec lui-même, au niveau du cœur, du corps et de l’esprit, détaille le prévenu. On est massacré par ses pairs, parfois soutenu, mais j’ai ouvert des portes. »
« On connaît Freud, Lacan et Dolto… Vous, vous entendez ouvrir quelle porte ? », poursuit le magistrat.
« Mais je n’ai que 43 ans, donnez-moi vingt ans, madame, pour essayer de dire que quelque chose a été découvert », se défend Yves de Francqueville.

Pour le reste, soit les accusations d’abus de faiblesse ou d’escroquerie, le prévenu s’en prend aux gendarmes de la brigade de recherche, s’emmêlant à plusieurs reprises sur le nom du directeur d’enquête qu’il appelle « Pol-Pot ».

« Les gendarmes ont appelé tous mes clients en leur disant : “C’est un escroc, portez plainte contre lui”. Pour eux j’étais un grand méchant loup ! Et en garde à vue, c’était pas mal comme torture ! » La cour s’est donnée jusqu’au 7 avril pour trancher sur le cas du “philanalyste”.

« Au nom de quoi vous pensez soigner ? »

« Au nom de quoi vous pensez pouvoir soigner les gens ? Si l’on n’est pas content de vous, à qui on s’adresse ? »
L’avocat général, représentant du parquet général qui a fait appel de la relaxe du psychanalyste, demande six mois de prison avec sursis et 10 000 € contre Yves de Fancqueville. Pour l’usurpation de titre, les escroqueries et la corruption de mineur.

« Il a décidé de gagner sa vie dans l’aide psychologique, il mêle l’éducatif à la psychothérapie, c’est interdit, et il confond tout ça, le médecin, le psychiatre, la psychanalyse. La psychanalyse est non réglementée, je vous l’accorde, mais il y a des sociétés de psychanalystes pour contrôler, il n’en fait pas partie. À quoi reconnaît-on le charlatan du spécialiste ? À la fausse qualité d’expert. »

Face à ces attaques, Me David Mendel a du mal à contenir sa colère. « C’est un lynchage ! On lui fait passer un grand oral ? » s’indigne le pénaliste qui constate qu’aucun plaignant n’est venu au procès, que ceux qui dénonçaient une escroquerie ne demandent rien.

« Les témoignages en sa faveur, de personnes qui l’ont consulté et qui sont contents, ils sont nombreux poursuit Me Mendel. Je ne vais pas vous ressortir Outreau mais quand même ! On se croirait revenu au temps des guerres de religion. Tout le monde s’excommunie là-dedans, les Freudiens, les Lacaniens ! Et le coach de Carla et Nicolas, si Sarkozy n’est pas réélu, il va lui faire un procès ?



19/02/2011
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