La mère infanticide explique son terrible geste par la crainte que les huit enfants aient été ceux de son père.
Villers-au-Tertre, le 28 septembre 2010. Dominique Cottrez (au centre), soupçonnée d’avoir tué huit de ses nouveaux-nés, est photographiée en compagnie de son avocat Me Franck Berton, lors d’une visite des différents lieux où les corps des nouveau-nés ont été retrouvés. | AFP
Le tout sur une période s’étalant de 1989 à 2006 ou 2007.
Entendue mercredi par la juge d’instruction chargé du dossier, Dominique Cottrez affirme avoir été abusée sexuellement par son père – décédé en 2007 – une première fois à l’âge de 8-10 ans, puis à 14 ans, et à d’autres reprises lorsqu’elle était mariée. Poursuivie pour «homicides volontaires sur mineurs de moins de 15 ans», la mère infanticide explique avoir craint que les enfants ne soient de son propre père, indique le procureur de la République de Douai, Eric Vaillant, confirmant une information de «la Voix du Nord». Elle a également affirmé avoir des doutes sur la paternité de la cadette des deux filles qu’elle a élevées, selon le quotidien régional, citant l’avocat de Dominique Cottrez, Me Franck Berton.
«Une femme qui ne voulait pas garder les enfants de son père»
«Si elle a tué les bébés, a-t-elle indiqué, c’est parce qu’elle ne voulait pas que les médecins s’aperçoivent qu’ils étaient de son père», détaille le procureur de Douai. Des expertises ADN ont cependant montré que six des huit bébés étaient bien du mari de Mme Cottrez, un doute subsistant sur deux des nouveaux-nés, faute d’ADN de qualité suffisante, selon le magistrat. La mère de famille a également indiqué qu’après avoir tué le premier bébé, elle a prévenu son père. Celui-ci, affirme-t-elle, aurait été au courant de toutes ses grossesses.
«Le procès de Mme Cottrez est celui d’une femme qui ne voulait pas garder les enfants de son père. Qui, aujourd’hui, la blâmerait d’avoir fait cela ?», a déclaré Me Berton à «la Voix du Nord».
Concernant son mari, Pierre-Marie Cottrez, elle a formulé «des déclarations contradictoires», a indiqué le procureur de Douai. Elle s’est étonnée auprès de la juge qu’il n’ait pas été au courant de ses grossesses, niant ensuite toute implication de sa part. Pour Me Berton, il semble «compliqué» que Pierre-Marie Cottrez n’ait rien vu, estimant que son épouse «a bénéficié de complicité».
L’époux entendu en tant que témoin assisté
L’affaire avait débuté par la découverte de deux corps dans des sacs en plastique enfouis à l’ancien domicile des parents de Dominique Cottrez, où elle avait elle-même vécu avant son mariage. L’aide-soignante a affirmé devant la juge que son père les avait sans doute enterrés. Six nouveaux corps avaient ensuite été découverts dans le garage de la maison où elle vivait avec son mari.
Pierre-Marie Cottrez, qui n’a pas été mis en examen, doit être entendu ce jeudi à son tour, comme témoin assisté, tout comme la fille aînée, avant l’audition vendredi de la cadette.
AUDIO. Après les macabres découvertes, les habitants de Villers-au-Tertre effondrés