La peine de Tahina Razafrindrakoto a été élevée de 10 ans en appel pour avoir tué la fille de sa compagne.
“Vous avez franchi les frontières de l’ignoble et ce que vous avez fait est monstrueux “
Hier au troisième jour de procès devant les assises des P.-O, l’avocat général n’a trouvé aucune circonstance atténuante à Tahina Razafindrakoto, 26 ans, et sa compagne Séverine Semeglia, 30 ans, rejugés pour le décès d’Aliya, l’enfant de cette dernière, morte à 4 ans sous les coups de son beau-père, en 2008 à Valras-Plage.
D’autant qu’il est le seul à avoir fait appel du jugement prononcé il y a un an à Montpellier (28 ans pour l’accusé ramenés à 20 ans et 7 ans pour sa compagne).
“Impitoyables. Comment peut-on supplicier une enfant de 4 ans par jalousie au prétexte qu’elle accapare un peu de la tendresse de sa mère ? Comment une mère peut-elle jeter son enfant en pâture à un chien de guerre qu’elle sait incapable de se contrôler ? Le poids indélébile de la disparition de cette enfant, vous le porterez jusqu’à votre dernier souffle au fond de votre conscience, si vous en avez une”, a-t-il insisté.
Un tragique 12 avril 2008
Le 12 avril 2008, le crâne brisé, la petite Aliya s’est en effet effondrée, inconsciente, dans le minuscule appartement familial. Elle ne se réveillera jamais du cauchemar qu’elle endurait depuis plusieurs mois.
Cette fois-ci, son beau-père venait de lui asséner trois gifles pour l’obliger à compter des abeilles sur son cahier de devoir. Dans l’appartement, “absolument partout”, les enquêteurs ont retrouvé de petites tâches rougeâtres “nettoyées”. Et la liste des blessures relevées sur l’enfant est, elle, plus intolérable encore. Le corps et le visage tellement meurtris qu’ils en ont été rendus méconnaissables.
La fillette pesait 14 kg, un poids nettement inférieur à la normale et présentait sur le corps pas moins de 92 lésions dont des brûlures de cigarettes, de multiples ecchymoses, un bras cassé, le pancréas fracturé, une dizaine de plaies sur la face et même les lèvres l’empêchant de se nourrir, et des hématomes cérébraux provoqués par des coups de pommeau de douche, à l’origine de sa mort.
“Impressionnant, confessera l’expert légiste. Pour moi, elle était inconsciente au moins depuis la veille. Dans son état, elle ne pouvait pas parler”.
Battue tous les jours
Car Aliya était battue tous les jours de manière de plus en plus violente. De véritables raclés à coups de poing et de pied. “Pour la punir de ses bêtises”, “quand elle refusait de manger”, “pour essayer de la cadrer”, “quand il perdait le contrôle”, “parce qu’elle était dissipée”, ou le plus souvent, “par jalousie quand elle se faisait câliner par sa mère”.
Et puis, il y avait la torture et le système de vidéo surveillance installé par le couple quand ils sortaient tous les deux. Elle avait interdiction de bouger du canapé même pour aller aux toilettes et était rouée de coups lorsqu’au vu de l’enregistrement, elle avait désobéi.
La mère, elle, s’est tue jusqu’au dernier souffle de l’enfant
Les jurés ont finalement suivi les réquisitions (excepté l’interdiction définitive de résider en France sollicitée contre l’accusé) et ils ont condamné Tahina Razafindrakoto à 30 ans de réclusion criminelle, assortis d’une peine de sûreté de 20 ans et Sandrine Semiglia à 7 ans de prison (le maximum encouru). En outre, ils sont respectivement privés de leurs droits civiques et familiaux pour 10 et 5 ans.