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Procès : le martyre d’Angèle, tuée à 4 ans

En septembre 2014, les pompiers, appelés par le beau-père d’Angèle, l’avaient trouvée inanimée à l’issue d’une semaine de violences.

 

DR.

 

La fillette de 4 ans avait été torturée puis étranglée dans la maison familiale, en Vendée. Sa mère et son beau-père sont jugés aux assises à partir de lundi.

Les derniers jours, Angèle ne parlait plus, ne jouait plus, ne souriait plus. Et puis, la petite fille de 4 ans est morte. Étranglée. Sa mère Jordane, 24 ans, et son compagnon d’alors, David, 29 ans, comparaissent à partir de lundi devant les assises de Vendée, où ils encourent la perpétuité. C’était le 8 septembre 2014. Les pompiers, appelés par David, avaient trouvé la petite inanimée sur un matelas, le corps couvert de bleus, de morsures et de brûlures. L’issue tragique d’une semaine de violences dans le huis clos d’une maisonnette de Saint-Georges-de-Pointindoux, où Jordane venait d’emménager avec David, rencontré trois mois plus tôt.

 

«Dans la mesure où l’on n’a pas d’éléments de mauvais traitements antérieurs, rappelle Me Loïc Cabioch, avocat de la mère, un des sujets de l’audience sera d’analyser l’alchimie néfaste de ce couple.»

 
 

Si tous deux minimisent et rejettent sur l’autre les violences les plus graves, celles qu’ils ont admises ont suffi à convaincre les juges d’instruction de les qualifier d’actes de torture et de barbarie — la mère étant également poursuivie pour le meurtre, qu’elle nie : Angèle a été mordue, giflée, traînée par les cheveux, bâillonnée, attachée par la queue-de-cheval à un escalier… parce qu’elle réclamait des gâteaux ou sa grand-mère. Quelques jours avant sa mort, la fillette avait également été brûlée sur un tiers du corps par une douche trop chaude. Des brûlures si profondes que les experts ont estimé qu’elles avaient occasionné des douleurs proches de 10 sur une échelle de 10.

 

 

Jordane a cherché à soigner sa fille elle-même, sans l’emmener aux urgences. Et quand celle-ci «chouinait» la nuit, selon ses termes, personne ne s’est levé pour elle.

 

Inquiet pour sa fille, son père avait fait un signalement

 

Fragilisée par une enfance faite de violences et d’abus sexuels, placée en famille d’accueil, Jordane était tombée enceinte de son premier amour, Dylan. Elle n’avait découvert sa grossesse qu’au bout de six mois, et, quinze jours plus tard, mettait au monde la petite Angèle, née grande prématurée. L’union n’avait duré qu’une quinzaine de mois. Sans diplôme, Jordane était alors retournée vivre chez sa mère.

 

Inquiet pour sa fille dont il était sans nouvelles, Dylan avait fait un signalement. L’unique visite diligentée, fin 2011, par les services de l’aide sociale à l’enfance avait conclu à une «bonne relation mère-enfant».

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Pas suffisant, selon Me Laurence Micaleff-Napoly, avocate de l’association l’Enfant bleu, partie civile, pour qui Jordane «présentait le panel parfait de la jeune mère en difficulté». «En une visite, on décide qu’il n’y a aucun danger pour l’enfant ?» s’agace-t-elle. Innocence en danger, autre association partie civile, attend l’audience pour comprendre si «les institutions ont failli». «Nous voulons surtout savoir ce qu’ont été les quatre ans de vie de cette petite fille», rappelle Me Nathalie Bucquet, son avocate.

 

Conseil de David, Me Lee Takhedmit s’inquiète de voir son client encourir la perpétuité «pour une douche qu’il nie avoir donnée, qui plus est alors que des experts ont démontré que celle-ci était défectueuse !». «Il a certes infligé certaines punitions qu’il regrette, mais s’est surtout retrouvé otage d’une situation qu’il n’avait pas choisi.» La mère, elle, nie toujours l’étranglement. Elle jure avoir seulement voulu «maintenir» sa fille en la soignant, car elle «bougeait beaucoup». Ensuite, elle l’aurait prise dans ses bras avant de la coucher. Selon ses dires, Angèle lui aurait alors dit : «Je t’aime, maman.»



09/10/2017
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