Trayvon Martin, le crime qui bouleverse l'Amérique
Le Point.fr - Publié le 26/03/2012 à 12:13
Le meurtre d'un adolescent noir désarmé par un Blanc qui faisait des rondes pour surveiller son quartier en Floride ravive les tensions raciales.
Trayvon Martin et George Zimmerman © AP/Sipa
L'affaire suscite une vague d'indignation aux États-Unis. Un mois jour pour jour après les faits, des milliers de personnes sont attendues lundi à Stanford, en Floride, pour réclamer l'arrestation du meurtrier de Trayvon Martin, un jeune adolescent noir de 17 ans. Le 26 février, le jeune homme achète des sucreries et un thé glacé avant de rejoindre le domicile de sa petite amie, la capuche de son sweat-shirt relevée sur la tête à cause de la pluie. Trayvon est alors repéré par George Zimmerman, un surveillant de quartier bénévole, présenté par la presse locale comme un Blanc d'origine hispanique de 28 ans.
Après avoir appelé le 911, George Zimmerman explique au policier qu'il a en ligne que la personne qu'il suit lui semble "suspecte". L'officier de police lui demande explicitement de ne pas suivre le jeune homme et l'informe qu'une patrouille arrive sur place. Dans les minutes qui suivent, Zimmerman tire finalement sur l'adolescent, assurant l'avoir fait en état de légitime défense. Le jeune Trayvon n'était pas armé.
Demande de retrait de la loi Bush
George Zimmerman est brièvement arrêté, puis relâché après avoir invoqué la légitime défense. Mais les circonstances des faits restent floues et l'enquête de police de la ville fait l'objet de vives polémiques. Devant l'émoi suscité par la mort de l'adolescent, le ministère de la Justice, le procureur du district central de Floride et le FBI ont ouvert une enquête.
La mort du jeune Trayvon relance alors le débat de la loi Bush, votée en 2005 en Floride, avec le soutien du lobby des armes, la NRA. Ce texte - appelé "Défendez-vous" par ses défenseurs, "Tirez d'abord" par ses détracteurs - a assoupli les conditions d'exercice de la légitime défense. Des manifestations ont lieu chaque jour, notamment en Floride, pour dénoncer un nouvel exemple de profilage racial et réclament l'arrestation du meurtrier présumé et sa traduction devant les tribunaux. Selon le site change.org, qui organise des pétitions en ligne, quelque 50 000 personnes signent quotidiennement l'appel demandant l'inculpation de Zimmerman.
Politisation de l'affaire
"Je pense que nous devons tous procéder à un examen de conscience pour comprendre comment une chose pareille peut se produire, et cela veut dire que nous examinions les lois et le contexte", a réagi avec émotion Barack Obama. Et d'ajouter : "Je ne peux imaginer ce que traversent les parents" (de Trayvon Martin). Si j'avais eu un fils, il ressemblerait à Trayvon."
Il n'en fallait pas plus aux républicains, en pleine campagne des primaires, pour accuser le président Obama de "politiser" l'affaire. "Les paroles prononcées par le président sont scandaleuses, a dénoncé le candidat républicain Newt Gingrich. Est-ce que le président suggère que si c'est un garçon blanc qui avait été tué, l'affaire n'aurait pas été grave, parce qu'il ne lui aurait pas ressemblé ?"
Un grand jury (chambre d'accusation) doit se réunir le 10 avril prochain pour décider s'il y a assez de charges pour poursuivre George Zimmerman
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