Les défenseurs des sévices sociaux ont la parole
Il n’y a pas que des parents en souffrance qui nous écrivent, quelques défenseurs des sévices sociaux prennent aussi le temps pendant leurs heures de service de nous envoyer des commentaires que nous censurons de la même façon qu’ils ont censuré des familles victimes.
Le CEDIF n’est pas une MECS, ce n’est pas non plus une antenne de l’ASE ou une tribune pour des personnels de la PJJ, il n’est donc pas possible d’y transformer des parents en alliés objectifs des revendications des personnels de la mal-nommée protection de l’enfance.
Mais pour une fois faisons une exception utile dans le dessein de décrypter les propos des défenseurs de l’ASE.
Une rhétorique perverse dévoilée
Dans ce qui suit nous voulons mettre en évidence l’articulation rhétorique habituellement pratiquée par tout travailleur social mis en cause dans ses activités de « protection de l’enfance » :
- dans une première partie il tentera de convaincre de la vocation bénéfique de la protection de l’enfance ;
- de faire admettre dans une deuxième partie des cas de mauvais sujets afin de réconcilier les parents avec les travailleurs sociaux ;
- de transformer les familles en « idiots utile » (expression usitée pour définir des personnes servant involontairement des intérêts contraires aux leurs) ; les parents se transforment alors en agents de défense de la corporation, en porte-parole des revendications des travailleurs sociaux.
Rappel à la loi …
En l’occurrence, la défenseur de l’ASE dont nous traitons le commentaire et qui n’a pas eu le courage d’indiquer son identité, attaque sur le ton condescendant, donneur de leçon, nous n’avons rien compris et elle nous explique :
« Bonjour à tous, Juste pour préciser que le signalement n'est pas réservé à l'éducateur. Tout citoyen témoin de maltraitance ou de carences éducatives, de soins et du développement de l'enfant se doit de le signaler auprès du juge pour enfant. Dans le cas contraire, c'est de la non assistance à personne en danger. »
Le « rappel à la loi » est juste, il permet aussi de relativiser le rôle de l’éducateur, du travailleur social, puisque nous pouvons tous être signalants, nous attendons pourtant encore que les sévices sociaux en charge de la petite Marina soient poursuivis pour non assistance à personne en danger.
Répondre par une critique de l’extension des prérogatives de l’ASE
La défense de l’ASE se fait ici à partir de la loi de 2007 sur la protection de l’enfance, loi effectivement en vigueur et qui dépasse le cadre de la maltraitance pour cibler très largement l’enfance supposée en danger pour « carences éducatives, de soins et du développement ».
C’est à ce titre que :
- des parents qui se disputent ou trop fusionnels mettent en danger le développement de leur enfant ;
- des parents qui préfèrent l’école à la maison ou ne présentent à leur enfant l’État comme la création supérieure de l’humanité créent des carences éducatives ;
- des parents qui veulent prendre en charge le handicap de leur enfant se rendent coupables de carences de soin ou d’excès de soin.
Des carences à géométrie variable au nom d’un contrôle social à faciliter.
Voila bien des cas sur lesquels nous donnons de notre temps pour alerter sur des placements abusifs qui paraissent pourtant tout à fait normaux à notre interlocutrice puisqu’elle prend bien la peine d’énoncer tous les cas de signalements en qualifiant aussi le délit de non assistance.
Dans une discussion en face à face le dialogue se serait donc arrêté là car nous ne pouvons considérer comme légitime des signalements hors de réelles situations de maltraitance et de privation sur enfant.
La vertu du signalement
Mais admettons qu’un parent n’ait pas bien saisi l’intention de son interlocutrice et continue la discussion :
« Il faut arrêter de faire croire aux gens qu'un signalement est un synonyme de placement. C'est normal que sous cette angle vous arriviez à de tels constats. »
Soit, le CEDIF a le tort de parler des situations les plus graves et nous n’avons pas suffisamment développé les cas d’AEMO avec mise sous surveillance des familles sans placement. Nous en parlerons davantage notamment sous l’angle des nombreux rapports d’AEMO dont le contenu peut être assez révélateur de l’état d’esprit de toute puissance des praticiens. Mais où notre interlocuteur veut-il en venir, considérerait-il que nous dénoncions le principe même du signalement ?
« Pour revenir aux médecin au titre de la prévention, pensez vous réellement qu'un parent qui fait subir les pires horreurs à son enfant va s’empresser d'emmener ce dernier chez un médecin ?? Des exemples je pourrais vous en fournir à la pelle. Heureusement qu'il y a ce genre d'interlocuteur et je suis sure que l'enfant qui a pus être "sauvé" le remercie encore dans tout son malheur. Au final quand un signalement est déposé, qu'il vient d'un éducateur ou de la boulangère il est examiné par un juge pour enfant qui va ordonner une investigation. Le rôle du "signalant" s'arrête donc là. »
Apparemment oui, la défense de l’ASE utilise la ficelle consistant à faire croire qu’en dénonçant des signalements abusifs et calomnieux nous dénonçons tout signalement quel qu’il soit. On retrouve là un argument type des placeurs consistant à se présenter comme les défenseurs des enfants alors que nous défendrions les bourreaux d’enfants.
Évidemment un tel sous-entendu est calomnieux et constitue une accusation grave à l’encontre du CEDIF pour laquelle nous n’hésiterions pas à diffuser un communiqué et à entreprendre des poursuites. Nous ne conseillons donc que trop à toute personne souhaitant aller sur ce terrain à bien y réfléchir et cela s’adresse aussi aux avocats.
Mais pour l’ASE « trop de signalement tue le signalement »
Accusation calomnieuse donc et ridicule de surcroît.
Devrions-nous alors parler de la responsable CEDIF Bretagne qui pour avoir signalé à de multiples reprises des faits de viols sur mineure s’est retrouvée en garde à vue et a subi un rappel à la loi alors que les services de l’ASE la salissaient et que le directeur des services au conseil général a justifié l’inaction par un « trop de signalements tue le signalement.» ?
On pourrait sur la même tonalité continuer en racontant les affaires d’un parent privé de ses enfants remis à l’autre parent dont les pratiques sont des plus suspectes, ceci sur la foi de rapports remis par les services de l’ASE qui sont, on le rappelle au passage, suivis à 95 % par les juges.
On pourrait oui, et si notre interlocutrice a un minimum de décence elle s’excusera, rouge de confusion d’avoir osé proférer en face de nous de telles stupidités calomnieuses.
L’argument d’autorité
Mais, non, elle continue et rend sa sentence :
« Vous faites beaucoup trop d'amalgame pour qu'une personne qui s'intéresse un peu à la protection de l'enfance puisse vous prendre au sérieux. »
Voila donc pour le couplet : nous on fait notre boulot et on sauve des enfants, si vous nous croyez pas vous êtes ou des salauds ou des cons.
Un argument d’autorité donc délivré par une couarde anonyme.
Nous prendre au sérieux donc, voila qui est important et le lectorat toujours plus massif de notre blog devenu en moins de deux ans le premier media de défense des familles contre les maltraitances institutionnelles prouve l’intérêt de nos contributions réalisées par une équipe pluridisciplinaire dans les domaines du droit, de l’économie, du social, de la psychologie, de la pédagogie …
Les braves et les cons
Mais l’anonyme très mal située continue son monologue et entame la seconde phase plus consensuelle et combien plus manipulatrice. Elle commet néanmoins plusieurs impairs en mêlant deuxième et troisième phase, ce qui nous oblige à remettre dans l’ordre les propos tenus :
« Je suis entièrement d'accord qu'il y ai des "cons" au niveau des travailleurs sociaux, dans les palais de justice, chez les parents.. c'est ce qui constitue le monde malheureusement…
…C'est sur que si pour une MJIE il n'y a qu'une éduc pour le département et que cette personne est vraiment con et pas ouverte au dialogue, on n'optimise pas les chances pour un constat proche de la réalité. Tout ça pour vous dire qu'un éduc n'est rien dans le maillon du placement (qui je le rappel ne représente qu'une part infime des placement comparé à l'Accueil Provisoire), et je pense que vous vous battez contre les mauvaises personnes."
À cette phase de la discussion, le parent est censé prononcer un oui destiné à en entraîner d’autres et à plonger dans une conversation de café de commerce du type : oui tout n’est ni noir ni blanc, il y a des cons partout et pas plus chez les travailleurs sociaux qu’ailleurs, on ne parle que de ceux qui font des bêtises et jamais de ceux qui ont sauvé des enfants …
Si vous en arrivez là vous êtes mûrs pour la troisième phase.
La fonction créé le fonctionnaire
Seulement voila, enfermer les parents dans des considérations infantiles sur les bons et les méchants revient à abrutir le débat. La question n’est pas de savoir si l’assistant de service social est vilain ou gentil, c’est la fonction même du travailleur social qui doit être interrogée sachant qu’une telle profession contrairement à d’autres n’a aucun compte à rendre au public.
Cette impunité de fait et constatée encore récemment dans des affaires douloureuses tient à la fonction qui relève d’une mission de service public. Faire l’économie du statut du travailleur social mène à ne rien comprendre à ses prérogatives et à sa conception de sa mission.
Pour être très clair le travailleur social ne conçoit pas la critique, il est dans la toute puissance au nom d’une mission pour laquelle toute la collectivité est mise à contribution, que ce soit financièrement ou par son appui (d’où le laïus initial sur le signalement). Il prétend représenter l’intérêt général, celui de l’enfant mais aussi des familles et suppose que sans lui les familles ne sont pas aptes à assurer leur parentalité.
Le travailleur social ne considère pas sa mission comme exceptionnelle dans un dysfonctionnement familial, il part de l’adage : si tu ne vas pas à l’ASE, l’ASE ira à toi et il possède le pouvoir d’enquêter, d’instruire et de conclure en toute partialité sachant que ses recommandations seront dans la majeure partie des cas suivies. Il cumule ainsi des fonctions incompatibles avec l’existence d’un contradictoire effectif et d’une justice impartiale. Pour citer Lord Acton : « le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument ».
Comment alors concevoir alors l’exercice professionnel d’un gentil éducateur face à la perversion d’un système dans une logique de ce que nous appelons un sévice public ?
L’intérêt général au service de l’intérêt particulier
Rajoutons à cela l’intérêt particulier de toute une profession consistant à élargir ses prérogatives jusqu’à intervenir dans des séparations, des conflits parentaux, des choix éducatifs qui ne devraient relever que de la famille. Bientôt, ils interviendront aussi dans la répression de la fessée quitte à doubler leurs effectifs.
Trouvez nous alors un juste parmi les travailleurs sociaux de la protection de l’enfance, qui oserait dire tout fort que sa fonction ne doit pas le conduire à exercer un contrôle social des populations, que les budgets accordés à la « protection de l’enfance » comprennent des gaspillages inacceptables, que la situation de cette profession en terme de poste est celle de sureffectifs flagrants.
Si certains le disent in petto, le révéler au grand jour reviendrait à briser leur carrière.
Alors oui la question du bon et du mauvais travailleur social ne se pose pas puisqu’il est flagrant que le fonctionnement même de la protection de l’enfance est vicié et que son objet n’est pas la protection d’enfants martyrisés mais l’accroissement des budgets et des postes.
Les idiots utiles
Difficile de passer à la troisième phase après une telle démonstration ?
Il suffirait pourtant que nous ayons acquiescé à l’argument infantile du « il y a des gentils et des méchants ».
Là la défenseur de l’indéfendable pouvait faire de nous des idiots utiles.
D’abord en reprenant le fameux argument de l’augmentation des moyens, comme si l’ensemble des contribuables français devaient se cotiser pour que l’on puisse leur enlever leurs gosses et les livrer à la violence des foyers :
« Seulement, au final face aux atrocités faites sur les enfants en france, je préfère qu'il y est plus de signalements quitte à dépenser plus d'argent en matière d'investigation, que pas assez et que certains enfants se trouvent toujours dans des situations horrible. »
Puis en nous engageant à soutenir cette corporation alors qu’il est dit que les parents sont a priori maltraitants, surtout ceux que nous défendons :
« Alors personnellement, si vous avez un combat à mener ce n'est pas contre les éducateurs qui contrairement à l'ensemble des gens ne font pas une carrière pour gagner de l'argent et pour gravir les échelons, ils resterons éduc avec le salaire qui va avec. Votre combat doit être en faveur des enfants, pas pour les familles maltraitantes en leur donnant des possibilités d'échapper au système de protection d l'enfance. »
Justes causes
Soutenir une juste cause ce n’est donc pas attirer l’attention sur l’enfant qui veut revoir sa famille, sur celui qui commet des tentatives de suicide en foyer ?
Non, la juste cause de notre interlocutrice consiste à se lamenter sur des salaires pourtant loin d’être négligeables et non fondés sur le service de la population. Elle consiste encore à nous faire le grief d’informer des familles et à nous juger coupables de permettre à des familles maltraitantes d’échapper au système de protection de l’enfance.
Notre interlocutrice du moment nous offrirait donc la possibilité de nous repentir en nous inscrivant à son syndicat de travailleurs sociaux ?
Quel meilleur engagement pour que nous manifestions pour la création de postes dans cette profession : plus ils seront nombreux moins ils feront d’erreurs, comme elle le dit implicitement :
À,moins peut être que la destruction de familles innocentes participent à une grève du zèle : « C'est en donnant plus de moyen au juge pour enfant afin d'avoir une vision la plus juste possible de la situation familiale, des relation parent enfant et du développement de l'enfant. Si on ne multiplie pas les interlocuteurs il y aura toujours des erreurs de titre individuel qui viendront entacher le tableau, et des familles qui ne comprendront peut être pas pourquoi leur enfant a été confié. »
Votre naïveté est une faute qui ne pardonne pas à vos enfants
Vous voyez, les propos a priori anodins que nous venons de décrypter révèlent un état d’esprit foncièrement hostile à l’institution familiale et un prosélytisme redoutable à l’endroit des familles meurtries par la mal nommée protection de l’enfance.
Il faut comprendre ce type de discours et le combattre en montrant que nous avons compris la manipulation, combien de parents se sont malheureusement fait berner par de telles paroles en supposant que leur cas était exceptionnel et qu’il ne résultait que d’erreurs commises de bonne foi donc réparables par plus de moyens et de budgets.
La naïveté dans la défense de nos enfants, de notre famille est une faute et ne craigniez pas que le CEDIF cesse de vous donner les moyens de vous défendre, cela n’arrivera jamais.