L'assistante sociale véreuse condamnée
L'assistante sociale véreuse condamnée
02.06.2010
Nathalie B. ne pourra plus exercer son métier d'assistante sociale. Le tribunal correctionnel de Pontoise l'a décidé hier. Il a également condamné cette ancienne employée de mairie de Saint-Gratien à deux ans de prison avec sursis et à 2?000 € d'amende. Sa complice, Chantal Z., qui lui a servi d'intermédiaire, a écopé pour sa part d'un an de prison avec sursis et 1?000 € d'amende. Un préjudice de 16 000 € Les deux femmes se sont livrées en 2008 à un trafic d'influence jugé « odieux » par le tribunal. Elles ont demandé des pots-de-vin à plusieurs familles africaines, leur faisant croire qu'elles auraient ainsi un logement social dans la commune plus rapidement. Pas moins de 16?000 € ont été escroqués à des femmes seules, sans emploi et prêtes à tout pour loger leurs enfants. Malgré des témoignages accablants, l'assistante sociale n'a rien lâché à la barre, qualifiant les témoins, les victimes et sa coprévenue de « menteuses ». Dans l'escroquerie, Chantal joue les rabatteuses, c'est elle qui trouve ces femmes, principalement des Ivoiriennes et des Congolaises, à qui elle explique avoir un bon filon pour leur trouver un logement social rapidement. Puis Nathalie entre en scène, elle est le « cerveau », faisant croire à ces pigeons qu'elle peut user de son influence auprès de la commission logement. Elle prend au passage une somme en espèces : 2?000 € pour un deux-pièces, 3?000 € pour un trois-pièces. Mais l'assistante sociale ne fait, à la mairie, que rendre un rapport dans lequel elle donne un avis sur les demandeurs. Seulement, certains dossiers échouent, ce qui mène le duo à sa perte. Les familles qui ont versé un pot-de-vin, pour certaines après avoir contracté un crédit, se retournent contre elles fin 2008. « Vous avez monnayé le désespoir de ces gens qui pensaient acheter du rêve. Pour eux, le rêve, c'était un logement », lance le procureur de la République. « Vous avez renié votre serment d'assistante sociale, la mairie de Saint-Gratien avait confiance en vous », insiste Me Zajac, l'avocat de la ville. Mais jusqu'au bout, elle résiste : « On m'a bafouée, insultée, traînée dans la boue », dit-elle au tribunal. Un comportement qui s'est finalement retourné contre elle. Quant à Chantal, son rôle n'a pas été minimisé, mais elle le reconnaît. « Elle a profité de la situation, sauf qu'elle pensait vraiment que Nathalie avait un pouvoir en mairie », plaide Me Richard, son avocate. Les cinq familles qui se sont portées parties civiles toucheront de 3?200 à 5?000 € de dommages et intérêts. La mairie de Saint-Gratien, elle, obtient l'euro symbolique.
Le Parisien
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