L’Assemblée nationale a adopté, mardi 18 février, une résolution relative aux enfants réunionnais placés en métropole entre 1963 et 1982. Ce texte symbolique, qui n’a pas valeur de loi et n’ouvre le droit à aucune réparation, reconnaît notamment la « responsabilité morale » de l’État dans la migration forcée de mineurs venus de la Réunion vers une soixantaine de départements métropolitains.
Présenté par le groupe socialiste, il a été adopté par 125 voix contre 14. Toute la gauche (PS, Écologistes, PRG, Front de Gauche et DVG) a voté pour, l’UMP contre (sauf 2 élus) et l’UDI n’a pas pris part au vote.
« Nous permettre d’aller vers l’avant »
Vingt-six de ces ex-enfants réunionnais étaient présents dans les tribunes du public lors du débat à l’Assemblée sur ce chapitre méconnu de l’histoire contemporaine, certains ayant fait spécialement le déplacement de leur île où ils sont retournés vivre.
Après le vote, les députés de gauche se sont levés pour les applaudir. « Cela va nous permettre d’aller de l’avant, de faire résilience, de tourner la page et de ne plus se sentir coupable », a commenté Jean-Marie Jean-Philippe, président de l’association Rasinn Anler.
Un tableau « manichéen », pour l’opposition
Le gouvernement, représenté par Victorin Lurel (ministre de l’outre-mer) et Dominique Bertinotti (ministre de la famille), a apporté son « soutien sans réserve » à ce texte pour « tourner la page de cette double faute et de cette double peine ».
Didier Quentin (UMP), lui, a dénoncé le « tableau particulièrement manichéen » peint par la résolution et les « abus de langage » employés par certains ex-enfants qui ont parlé de « rafle » et de « déportation ». Il a aussi refusé que l’on fasse « le procès des services sociaux de l’époque » et encore moins celui de Michel Debré, initiateur de cette opération.
De son côté, Philippe Folliot (UDI), député du Tarn où ont été placés quelque 250 enfants à l’époque, a expliqué l’absence de participation au vote de son groupe par les risques de « calculs politiciens » avant les élections municipales et le « procès d’intention à Michel Debré ».