liens parents enfant sefca Europe

Les services italiens sont accusés d'espionner des magistrats

LES SERVICES italiens de renseignement militaire (Sismi) espionnaient depuis six ans plus de deux cents magistrats catalogués « anti-Berlusconi » accuse le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Cette instance va même plus loin. Dans une résolution, elle affirme que les Services dans leur ensemble - et pas seulement des éléments « déviants » - auraient mené des tâche de surveillance et de contrôle de l'activité des parquets « à des fins politiques ». Parmi les magistrats visés figureraient tous ceux du pool « mains propres » de Milan, qui a dépisté la corruption politique dans les années 1990, ainsi que ceux du parquet anti-Mafia de Palerme.
Le CSM, une instance qui joue le rôle de « gouvernement des juges » en Italie, en veut pour preuve des documents retrouvés dans les archives secrètes de Pio Pompa, un collaborateur occulte du Sismi, qui a quitté le service il y a huit mois, tout en continuant à détenir des documents « top secret » sur l'Irak et l'Afghanistan ainsi que sur des hommes politiques d'opposition, des magistrats et des chefs d'entreprise. Des CD retrouvés la semaine dernière dans sa voiture attesteraient que l'activité d'espionnage aurait débuté en 2001, avec le retour de Silvio Berlusconi au pouvoir, et se serait poursuivie tout au long de la législature.
« L'objectif, selon le CSM, était d'intimider et de faire perdre leur crédibilité aux magistrats engagés dans des enquêtes délicates, pour faire obstacle à toute collaboration judiciaire internationale et perturber l'exercice indépendant de la magistrature. »
Opération « politique »
Le général Nicolo Pollari, qui a dirigé le Sismi jusqu'à l'an dernier, s'est inscrit en faux contre cette accusation. « Les Services n'ont constitué aucun dossier de manière illicite ni ne se sont livrés à aucune intimidation envers quiconque », a-t-il affirmé. Quant aux documents contenus dans l'ordinateur de Pio Pompa, qui avait mission de « compiler et d'analyser du matériel d'investigation provenant de diverses sources étrangères aux Services », ils lui appartiennent en propre et n'ont jamais fait l'objet d'enquêtes de la part des Services.
Silvio Berlusconi accuse le CSM de se livrer à une opération « politique ». Hier, il a menacé de poursuivre en diffamation tous ceux qui l'associeraient avec Pio Pompa. Le numéro deux de Forza Italia, le parti de droite, Fabrizio Cicchitto, accuse le CSM d'être « sorti de son rôle ».
Autre fracture dans le monde judiciaire : le directoire de l'Association nationale des magistrats (ANM) s'est démis en bloc pour protester contre un projet de loi réorganisant les fonctions des parquets, mis en oeuvre par le gouvernement de Romano Prodi. Les magistrats dénoncent l'obligation imposée à un membre du parquet de changer de circonscription judiciaire s'il veut devenir juge. Ils affirment que la loi porte atteinte à l'autonomie des procureurs généraux.
« Telle qu'elle est, mon parti ne votera jamais cette loi », a juré le ministre des Travaux publics, Antonio di Pietro. Face au risque que le gouvernement soit une nouvelle fois battu au Sénat, où il dispose d'une majorité étriquée, le garde des Sceaux a saisi du dossier Romano Prodi.


23/07/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi