Liste des erreurs judiciaires en France
Liste des erreurs judiciaires en France
Une erreur judiciaire est une « erreur de fait commise par une juridiction de jugement dans son appréciation de la culpabilité d'une personne poursuivie[1]. Cette définition suppose qu'une juridiction, qui a eu, à la suite de cette erreur, connaissance de l'affaire, puisse trouver cette erreur et la neutraliser. C'est l'autorité judiciaire elle-même qui reconnaît l'existence d'une erreur judiciaire.
A[modifier]
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Roland Agret : condamné en 1973, Paris. Rejugé et acquitté en 1985 réhabilité.
C[modifier]
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Jean Calas : 1761, Toulouse (France); réhabilité en 1765.
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Monique Case : condamnée en 1965 et acquittée le 5 mai 1966.
D[modifier]
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Rida Daalouche : condamné en 1991 puis le 12 avril 1994, il est rejugé et acquitté le 8 mai 1999
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Jean Dehays : condamné en 1949, il est rejugé et acquitté en 1955.
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Jean-Marie Devaux : condamné en 1963, rejugé et acquitté en 1969
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Patrick Dils : 1989, Montigny-lès-Metz (France); rejugé et acquitté en 2002.
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Alfred Dreyfus : condamné en 1894 puis de nouveau en 1899, il est gracié cette même année puis finalement acquitté et réhabilité en 1906. Il ne s'agit pas tant d'une erreur judiciaire que d'une condamnation délibérée pour raison d'Etat.
L[modifier]
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Le vicomte de La Roncière dans l'Affaire La Roncière (1835)
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Joseph Lesurques dans l'Affaire du courrier de Lyon (1796)
M[modifier]
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Guy Mauvillain : condamné 1975, rejugé et acquitté en 1985
O[modifier]
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Affaire d'Outreau : considérée par l'opinion publique comme un exemple d'erreur judiciaire, elle ne peut recevoir cette qualification puisque toutes les personnes accusées à tort et placées, pour certaines, en détention provisoire, ont été finalement acquittées devant la cour d'assises de première instance en 2004 ou en appel quelques mois plus tard, en 2005.
R[modifier]
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Jean Rayne en 1364 à Douai[2]
Affaire Seznec
L'affaire
Joseph Marie Guillaume Seznec, né le 01er mai 1878, à Plomodiern, dans le Finistère, maître de scierie à Morlaix, a été reconnu "coupable de faux en écriture privée et du meurtre de Pierre Quéméneur", conseiller général du Finistère, ce dernier ayant étrangement disparu dans la nuit du 25 mai au 26 mai 1923, durant un voyage d'affaires effectué de Bretagne à Paris avec Guillaume Seznec, voyage lié (selon Guillaume Seznec) à la vente à l'Union soviétique des stocks de voitures Cadillac rétrocédés à la France par l'armée américaine après le premier conflit mondial. Cependant, même si plusieurs hypothèses peuvent être avancées quant à cette disparition assez mystérieuse. Mystérieuse car d'abord le corps de Pierre Quéméneur n'a jamais été retrouvé. Ensuite plusieurs témoins lors du procès ont affirmé avoir croisé Pierre Quéméneur après sa disparition. L'hypothèse du meurtre fut retenue par la Justice. Étant la dernière personne à avoir vu Quéméneur vivant (selon l'enquête), Guillaume Seznec devint le principal suspect : il fut arrêté, inculpé et incarcéré.
Son procès, au cours duquel près de 120 témoins furent entendus, dura huit jours et prit fin le 3 novembre 1924. Guillaume Seznec fut alors reconnu coupable, mais, la préméditation étant écartée, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité alors que l'avocat général avait demandé la peine de mort. Il fut ensuite conduit au camp de la Transportation de Saint-Laurent-du-Maroni en 1927, puis transféré au bagne des Îles du Salut en Guyane française en 1928. Plusieurs ouvrages témoignent de la dureté du bagne entretenu par la république française en Guyane (Albert Londres ; Au bagne. Claude Sylvane ; Notre bagne. Denis Seznec ; Seznec, le bagne ; Laffont. L'affaire Seznec en photos des assises au bagne ; Laffont).
Guillaume Seznec a refusé une grâce présidentielle en 1933. Après la 2nde Guerre Mondiale et la fermeture du bagne de Guyane, Guillaume Seznec bénéficie d'une remise de peine en mai 1946[1], il rentra en France métropole l'année suivante. En 1953, à Paris, il fut renversé par une camionnette qui prit la fuite. Retrouvé, son chauffeur prétendit qu'il n'avait rien vu. Guillaume Seznec mourut le 13 février 1954 des suites de ses blessures.
Chronologie et résultats de l'instruction de l'époque[modifier]
La chronologie des événements[modifier]
Le 25 mai 1923, après avoir passé la nuit à l'hôtel de Paris, à Rennes, Guillaume Seznec et Pierre Quéméneur prennent la route de Paris à bord d'une voiture de marque Cadillac. Selon Seznec, Quéméneur doit rencontrer le lendemain à huit heures un certain Chardy ou Sherdly. Quéméneur avait indiqué à sa famille qu'il serait de retour le 28 mai. Au bout de quelques jours, la famille Quéméneur s'inquiète et va trouver Seznec pour lui demander des nouvelles. Il leur répond que, à la suite d'une panne de voiture, il a laissé Quéméneur à la gare de Dreux, où celui-ci a pris le train pour Paris. Il suggère qu'il est peut-être allé en Amérique.
Le 13 juin, un télégramme signé Quéméneur est envoyé du Havre, principal port de départ vers l'Amérique avec le texte suivant : « Ne rentrerai Landerneau que dans quelques jours tout va pour le mieux - Quéméneur ». Le 20 juin, un employé de la gare du Havre découvre une valise avec des papiers au nom de Quéméneur et en informe sa famille.
Le 22 juin, une instruction pour disparition suspecte est ouverte à Brest. Dans le cadre de cette instruction, la valise est saisie. Elle contient notamment une promesse de vente dactylographiée (ce qui à l'époque est rare) portant sur une vaste propriété avec manoir situé à Plourivo, appartenant à Quéméneur, au bénéfice de Seznec et pour une somme de 35 000 francs de l'époque, soit 33 500 euros (valeur 2009), sans rapport avec le prix d'un tel bien. (Cette propriété sera vendue 155 000 francs en 1925.)
Le 26 juin, Seznec est entendu par les gendarmes. Il explique que cette promesse de vente a été rédigée par Quéméneur et lui a été consentie contre la remise de 4 040 dollars-or qu'il venait de changer à Brest, les 35 000 francs ne représentant que le solde du prix de vente. Cette remise a eu lieu sans témoin. Selon Seznec, Quéméneur aurait eu besoin de liquidités pour traiter l'affaire des Cadillac qui l'appelait à Paris ; Seznec n'en sait pas plus, car, dit-il, dans l'affaire, son rôle s'est limité à recevoir pour Quéméneur des courriers adressés sur des enveloppes à en-tête de la chambre de commerce américaine de Paris.
Il raconte le détail du voyage vers Paris, et comment, la voiture étant en panne, il a dû laisser Quéméneur à Dreux et est rentré à Morlaix.
Le résultat de l'instruction de l'époque[modifier]
Comme huit témoins ont vu Seznec et Quéméneur ensemble à Houdan, à 60 km de Paris ; ils ont repris la route ensemble. Quéméneur n'a donc pas quitté Seznec à Dreux, mais bien à Houdan (approximation de Seznec).
Un témoin a vu Seznec seul au volant de sa voiture, au petit matin du jour suivant, à La Queue-lez-Yvelines, à 15 km d'Houdan sur la route de Paris. Ce témoin l'a aidé avec sa voiture en panne. Seznec reconnait ce fait.
L'épouse de Seznec confirme que son mari a quitté son domicile le 12 juin en voiture. Il laisse sa voiture dans une ferme à Plouaret, arrêt sur la ligne ferroviaire Paris-Brest.
Selon plusieurs témoins, Seznec aurait été aperçu au Havre le 13 juin, jour de l'envoi du télégramme signé Quéméneur depuis cette ville. Il y aurait acheté la machine à écrire qui a servi à taper la promesse de vente. Cinq témoins ont confirmé ces faits. Il aurait utilisé un nom d'emprunt lors de ce séjour.
D'après la police, Seznec aurait été vu le même jour à la gare de Paris-Montparnasse à Paris, à 21 heures, où il prenait le train pour Plouaret. Seznec nie en bloc.
Le 14 juin au petit matin, il a récupéré sa voiture à Plouaret, soit dans l'heure qui a suivi l'arrivée du train où il aurait été vu la veille.
La police fini par découvrir le 6 juillet la machine à écrire ayant servi à rédiger les promesses de vente au cours de la troisième perquisition dans la scierie de Seznec...
Des experts examinent la machine. Ils concluent qu'elle a bien servi à rédiger les promesses de vente (dont l'une aurait été remise par Seznec aux policiers parisiens) et que les mentions manuscrites prétendues écrites par Quéméneur sont en fait fausses (rappelons que les promesses de vente sont datées du 22 mai 1923 et que la machine à écrire a été achetée le 13 juin 1923).
Dans la valise récupérée au Havre, il y avait également un carnet de dépenses, mentionnant notamment des billets de train Dreux-Paris et Paris-Le Havre, avec des prix erronés.
Tentative de révision du procès[modifier]
Durant tout son procès et pendant les années qui lui restent à vivre, Seznec ne cessa de clamer son innocence. Ses descendants, et notamment son petit-fils Denis Le Her-Seznec (Denis Seznec), ont régulièrement sollicité la justice pour rouvrir le dossier, afin de le blanchir des accusations portées contre lui et obtenir sa réhabilitation.
Afin de soutenir cette action, Denis Seznec, ses proches et ses sympathisants ont fondé à Paris en 1995 FRANCE JUSTICE, association sous la loi de 1901. Cette association est membre du Comité français des organisations non gouvernementales (ONG) auprès de l'ONU.
L'action efficace de FRANCE JUSTICE (relayée par les médias) est à l'origine de la loi du 23 juin 1989 dite "loi Seznec", votée à l'unanimité au Parlement (fait rare). Elle modifie la procédure de révision des cas jugés en assise. Pour cela il faut « des faits nouveaux mettant en doute la culpabilité. » Signalons que sur les 2000 affaires ayant donné lieu à une procédure de révision, deux tiers ont été rejetées et le dernier tiers a été débouté.
La notoriété de FRANCE JUSTICE lui a permis d'attirer des personnalités : avocats célèbres, des parlementaires, le chanteur Yves Duteil (descendant du capitaine Dreyfus) et quelques uns des innocentés comme Patrick Dills ou ceux innocentés lors du procès dit d'Outreau (Alain Marécaux, ...)
Pour réhabiliter Guillaume Seznec quatorze demandes ont été examinées par la justice et ont toutes été rejetées.
La commission de révision des condamnations pénales a accepté, le 11 avril 2005, de rouvrir le dossier de la condamnation pour meurtre de Guillaume Seznec[2]. Cette décision pouvait ouvrir la voie à une éventuelle annulation de la condamnation prononcée en 1924 à son encontre. La Chambre criminelle de la Cour de cassation, statuant comme cour de révision, a examiné ce dossier le 5 octobre 2006.
Lors de cette audience, le bénéfice du doute au profit de Guillaume Seznec a été demandé en évoquant plus particulièrement la possibilité d'une machination policière de l'inspecteur stagiaire Pierre Bonny (révoqué en 1935 de la police française pour fautes graves, condamné pour corruption, puis adjoint plus tard de Henri Lafont, le chef de la Gestapo française) dont le supérieur hiérarchique, le commissaire Vidal, fut chargé de l'enquête. De son côté le conseiller rapporteur Jean-Louis Castagnède a soutenu l'opinion inverse, arguant d'une part que cette manipulation lui semblait improbable du fait du faible nombre d'actes établis par Bonny (5 sur 500) et, d'autre part, que les expertises sollicitées par la cour de cassation avaient établi que Guillaume Seznec était bien l'auteur de la fausse promesse de vente de la propriété de Quéméneur sise à Plourivo.
Le 14 décembre 2006, l'annulation de la condamnation de Seznec a été rejetée par la Cour de révision qui a estimé qu'il n'y avait aucun élément nouveau susceptible de faire naître le doute sur la culpabilité de Guillaume Seznec[3], constatant que l'existence d'une machination policière telle qu'alléguée est matériellement impossible et que la participation de l'inspecteur Bonny à une machination policière n'a pas été prouvée[4]. Cette affaire semble close, une nouvelle demande de révision étant improbable. La famille Seznec avait dans un premier temps manifesté l'intention de saisir la Cour européenne des droits de l'homme, mais sur les conseils de ses avocats, elle y a renoncé[5].
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